3 mots. 3 raisons d'écrire. 3 mots qui peuvent vivre seuls ou reliés. 3 mots séparés, parce que je ne peux choisir une formulation. Et parce que de cette façon, pas de restrictions, les fenêtres sont grandes ouvertes!

mardi 26 octobre 2010

Destination


Fin de semaine Lao. Que d'activités cette fin de semaine, et à saveur Lao! D'abord vendredi soir. Comme à tous les vendredis depuis 1 mois, Nathalie ouvre la piscine le soir pour BBQ et after-party (au-delà du couvre-feu). Contrairement à l'habitude, où le bar se rempli d'expats principalement français, le bar de la piscine était rempli de Laos, comme en introduction au reste de la fin de semaine.

Samedi, je me lève tard et je passe du temps à discuter avec Sone, la manager du restaurant Dyen Sabai. J'apprécie beaucoup cette fille. Ce qui est merveilleux c'est qu'elle parle un excellent anglais, ça facilite énormement notre relation d'amitié! En début d'après-midi, je rejoins Maxibel, une Panaméenne qui est à Luang Prabang depuis environ 6 mois. Nous partons avec sa moto vers Xieng Ngeu, un village qui se trouve beaucoup plus loin que nous le pensions! Nous allons assister à une course de bateau! Voici la mise en scène...

Stationnement improvisé et petit sentier presque dangereux pour descendre vers la rivière. Les gens sont tous installés le long de la rivière, sur en terrain très en pente. La musique est très forte (comme d'habitude), les gens boivent de la bière (comme d'habitude), les enfants courent partout, des gens dansent des danses laos qui ressemble curieusement à nos danses en ligne, certains sont debouts, d'autres ont amené leurs chaises ou petits bancs. La plupart des gens sont là pour socialiser et quelques uns suivent la course de bateau avec ferveur. Personnellement, je me sens sur le bord de la piste du Rally Baie-des-Chaleurs!

Sur le retour, nous croisons des collègues de Maxi qui nous invitent à aller manger un morceau avec eux, dans un bar Lao. On fait grimper la moto à l'arrière de la camionnette et, évidement, tout le monde insiste pour que Maxi et moi nous installions confortablement à l'intérieur du véhicule. Alors qu'ils sont cinq autour de la moto à l'arrière, nous ne sommes que deux sur la banquette...! Au bar Lao, nous buvons de la Lao Beer, comme de raison. Je dirais que c'est en moyenne aux 5 minutes que quelqu'un lève son verre pour un «chin» ou un «nuk nuk». Je commence à prendre l'habitude d'attendre qu'on lève nos verres pour boire, sinon ça me fait boire beaucoup trop vite! Les laos commandent la bouffe... tout est trop épicé pour moi. Ils ont prévu le coup: ils ont commandé des frites, seule nourriture «falang» du resto! Ils nous font essayer de manger des grenouilles... En fait, c'est délicieux si je réussis à ne pas penser à ce que je mange! Le goût est un mélange de poisson et de poulet.

Retour au Dyen Sabai pour un party Salsa! Je montre la salsa à Phou, la cuisinière principale du resto. On a beaucoup de plaisir ensemble, mais son anglais est aussi bon que mon lao, on est donc limitées! Pour la danse, par contre, ça va! Elle s'en sort vraiment bien! Plus tard, mes amis Laos arrivent: Tadam (qui tient la boutique de soie) et Kay (le vrai guide!) et son frère Say. Finalement, je passe la soirée à discuter (en anglais) avec des amis Laos, demandant régulièrement comment telle ou telle chose se dit en lao!

Dimanche, Sone me sort! Sortie maganisage entre filles! Magasinage est un grand mot. Si vous souhaitez magasiner autre choses que des souvenirs, ne venez pas à Luang Prabang! Mais, je souhaitais m'acheter une jupe «sin» typiquement Lao. Je suis donc allée dans un marché avec Sone qui m'a aidé à choisir une jupe. Elle m'a ensuite amenée chez une gentille couturière, car il faut la faire tailler sur mesure. Ce vêtement est une jupe droite, qu'on porte plutôt longue. On achète en fait un grand tissus en soie ou en coton, avec de la broderie au bas. Le tissus doit faire environ 2m de long, mais les bouts sont cousus pour refermer en rond. On enfile par le bas et on replit deux fois pour le mettre à sa taille. La couturière ajoute des petits crochets ou boutons pour que la jupe tienne, et lorsqu'on a une bonne couturière, elle fait les coutures pour les plis à la taille afin que la jupe tombe bien. Il y a de cela seulement quelques années, toutes les femmes portaient la jupe jusqu'aux chevilles. Maintenant elles sont un peu plus courtes, généralement aux molets, mais aussi parfois juste sous les genous, surtout pour les plus jeunes. C'était vraiment bien de pouvoir faire ce magasinage avec Sone étant donné qu'elle a pu me guider sur les types de couleurs qui sont pour les jeunes et les types de broderies généralement portées par les 40 ou 50 ans et plus. Elle m'a aussi guidée vers les modèles de cette année, car même si on parle ici d'une jupe traditionnelle, il y a quand même des modes!





Après notre virée «shopping», nous nous rendons ensemble chez Phet, une amie qui vit tout près du resto. Elles me montrent à faire de petits bateaux en feuilles de bananiers, car le soir, il y a un festival. Nous préparons donc ces fameux bateaux, que nous décorons de feuilles et de fleurs, et nous mettons des chandelles et des tiges d'encens dessus...

Le soir! Festival! Wow! Il y a foule! Une parade est organisée sur la rue principale pour montrer les bateaux (beaucoup plus gros que les petits en feuilles de bananes!) faits par les villageois. Il semble y avoir un concours entre les différents villages pour faire le plus beau bateau. Après la parade, tout le monde se rend sur le bord du Mékong, pour mettre à l'eau un petit bateau en feuille de bananier. Juste avant de le mettre sur l'eau, on allume l'encens et les chandelles. Il faut mettre le bateau sur l'eau à deux, alors Phou et moi, étant toutes deux célibataires, nous poussons nos bateaux ensemble, en faisant chacune un voeux. Les bateaux emportent avec eux la malchance et les maladies. Plus haut sur la rivière, les gros bateaux de la parades sont aussi mis à l'eau. C'est magnifique de voir les centaines de bougies flotter. Une chose toutefois vient briser la magie de cette soirée... Les Laos adorent les pétards et les feux d'artifices de toutes sortes! On passe donc la soirée dans un nuage de fumée, dans l'odeur des pétards brûlés, dans les explosions sonores parfois très fortes et dans la crainte d'en recevoir un sur nous par erreur... C'est assez impressionnant de voir à partir de quel âge on laisse les enfants jouer avec ça....!

Une fois le gros de la fête passé, je me retrouve seule avec Phou. Nous éprouvons une certaine frustration de ne pas pouvoir communiquer ensemble, mais cela nous amène plusieurs fous rire. J'apprends à dire «I don't understand» en Lao: «Baw hou». Gestes et expressions faciales sont au rendez-vous! Nous attendons Sone, qui n'arrive pas! Finalement, d'un commun accord, presque sans mot, nous marchons pour rentrer chacune chez nous... et croisons la Sone en question avec ses amies. Nous partons donc tous ensemble vers un temple où il y a une fête. C'est d'abord une surprise pour moi de voir qu'on fait ce genre de fête dans les temples, une vraie kermesse! Sone me fait tout essayer! Lancer des fléchettes pour «péter» les ballounes et gagner un pepsi. Arracher des petits bouts de papier dans un arbre pour gagner des bonbons et des biscuits, faire un don au temple et piger une tige avec un numéro correspondant à un message du genre horoscope. Goûter les saucisses hot dog version lao. Assister à un match de sport. Je ne connais pas le nom de ce sport qui se joue avec une balle légère fait en bambou je crois. Les règles , si j'ai bien compris, ressemblent beaucoup au volleyball, mais à la façon Aki (tête, pieds, jambes, torse permis, mais pas les mains). Les estrades me semblaient assez inhabituelles aussi: autant de moines en robes oranges que de Lao ordinaires rassemblés. Bref beaucoup de plaisir toute la soirée!!!




Sourire

Le monde est petit, le Laos aussi! Le monde est petit, ce n'est pas peu dire! Ceux qui ont suivi mon premier périple au Laos, il y a de cela deux ans, se rappelleront peut-être de certaines choses. Alors, il y a deux, j'ai fait un trek de 4 jours dans le villages de montagnes près de Muang Ngoi. Muang Ngoi est un tout petit village atteignable seulement par bateau (environ 45 minutes) à partir de Nong Kiaw, autre petit village à environ 3 ou 4h de route le Luang Prabang (il faut bien se garder une marge de manoeuvre d'au moins un heure, selon l'état des chemins). Avant de me rendre à Muang Ngoi, j'avais fait la connaissance de deux belges à Luang Prabang qui se dirigeait vers le même endroit, dans l'idée eux aussi de faire un trek. Un expat français de Luang Prabang leur avait fortement conseiller de trouver Kay, qui selon lui, est un excellent guide, malgré son anglais un peu déficient. Muang Ngoi étant un très très petit village, il ne nous fallu que très peu de temps avant d'apprendre que Kay est à l'extérieur du village et de rencontrer son frère Say qui se propose donc comme guide. Say s'improvise donc comme guide et s'avère peu compétent, ayant pour principal intérêt de boire du Lao Lao (whisky Lao fait maison) tous les soirs et de rencontrer ses amis. Il est par ailleurs plutôt paresseux, s'assurant de se trouver un ami dans un village, partant pour marcher jusqu'aux autres villages, en transportant bien sûr le sac de Say. Il nous assure qu'il lui donnera une partie de son propre salaire (j'apprendrai deux ans plus tard, qu'effectivement Say a une tendance pour la sous-traitance). Nous devions revenir en kayak du dernier village jusqu'à Muang Ngoi, mais n'avons jamais vu ces kayaks et sommes donc revenu en «long tail boat» (longue pirogue avec un moteur très bruyant au bout d'une longue tige métallique). Je reste toujours convaincue que Say n'a jamais essayé de nous procurer des kayaks. Le périple s'est terminé autour d'une discussion interminable sur le fait que Say devrait considérer que le prix donné au départ n'est plus adéquat puisque nous n'avons pas eu ce que nous voulions (les kayaks) et avions payé pour. Say est un grand parleur et use par tous les moyens de faire «pitié» et nous faire sentir coupable. Ça ne marche pas, d'autant plus que nous voyions sa mère qui n'avait pas du tout l'air de son avis!

Bref, Say avait été une rencontre marquante et peu fiable. Et bien deux ans plus tard, je vois le même jeune homme arriver au party de la Pistoche (la piscine de Nathalie). Sur le coup, son visage m'est familié, mais je ne peux le replacer. C'est alors que j'entends Nathalie lui demander des nouvelles de son frère Kay! Et voilà, les liens se font dans ma tête! Évidemment, Say ne me reconnait pas, ou ne veut pas me reconnaitre. Je lui apporte donc certains éléments du trek qui lui rafraichissent la mémoire. Il se sent (avec raison) un peu mal, se rappelant bien d'avoir tenté de nous soutirer plus d'argent que de raison! Et, comme cerise sur le sundae, lorsqu'il me reconnait vraiment, il me dit avec un large sourire «Je ne t'avais pas reconnu, tu as changé! Tu es plus grosse!» Merci Say, trop gentil!!


Nous avons tout de même continué à discuter de choses et d'autres (du passé à son plus grand damne « oublie le passé, on recommence à zéro» me dit-il!). J'apprends en autre qu'il est toujours aussi paresseux: un expat l'avait engagé pour qu'il tonde son gazon, et Say a trouvé quelqu'un pour le faire à sa place, moins cher. Sous-traitance, encore. Say dit lui-même qu'il n'est pas paresseux, mais bien qu'il utilise les muscles de cerveau plutôt. Pas fou quand même! Malgré que ce soit bien sympathique de discuter avec lui, je ne digère toujours pas son commentaires sur mon poids... et le lui fait remarquer. Il termine donc la soirée en me disant: « tu m'as mal compris, je voulais dire que tu avais changé, tu dégages quelque chose de plus grand...» Oui, oui Say, je te crois...!!


Malgré tout, Say devient un ami ici! On est même allé s'entraîner en vélo ensemble (il a un «vrai» vélo à me prêter» c'est génial! ).


Une semaine plus tard (ou devrais-je dire deux ans et quelques semaines plus tard), j'ai finalement fait la rencontre de Kay, le grand frère. Très différent du premier, de toute évidence plus mature et plus fiable, il ne ressemble pas du tout à son jeune frère!

mercredi 20 octobre 2010

Sourire

La beauté d'une image, en mots. Aujourd'hui, j'ai eu la chance d'apercevoir, durant quelques secondes, un tableau infiniment beau. Alors que je roulais avec ma bicyclette, j'ai croisé deux jeunes moines bouddhistes en devenir, comme j'en croise des dizaines tous les jours. Ils étaient vêtus de toges oranges, couleur qu'on associe facilement aux moines bouddhistes. Ce qui, à cet instant précis, a rendu cette vision exceptionnelle, est le passage d'un papillon, de taille moyenne, presque entièrement noir, mais arborant sur chaque ailes une fine ligne du même orange que les habits des moines novices. Le mariage de couleurs, la grâce du vol du papillon et le soleil éclatant a fait de cet instant un souvenir exquis. Et ce souvenir restera dans ma tête, puisque évidemment, lorsqu'un événement de cette envergure se produit, on en profite et ne le manque pas à chercher un appareil photo dans un sac bordelique!

mardi 19 octobre 2010

Destination


Destination, weaving village! Avant de partir du Québec, j'ai dit que je voulais apprendre au moins trois choses au Laos. Les apprentissages sont commencés! Je prends des cours de Lao, j'apprends à cuisiner des mets Lao et Thai, et j'ai pris un cours de tissage! Je compte bien dépasser le nombre de trois différentes choses à apprendre. Je dois dire que l'apprentissage du Lao est clairement le plus ardu des trois. Mais revenons au tissage. Le «weaving village» comme on l'appelle ici est le village voisin du restaurant Dyen Sabai, où je vis. Il est tout petit et de style assez campagnard, mais plusieurs boutiques se succèdent sur la route de terre. Dans la plupart, on vend des foulards, napperons et «sin» ou «sarang» (jupes typiquement laosiennes). Dans d'autres on vend aussi le papier de «mulberry» fait à la main, sous forme de lampe, de carnets, d'albums photos... On peut s'arrêter dans ces boutiques et voir les villageoises à l'oeuvre sur les métiers à tisser ou en train de faire le papier. Il est particulièrement intéressant de voir chacune des étapes menant aux produits finis et de réaliser aussi que tout ce qui est utilisé provient de ce qui pousse autour d'eux. Par exemple, pour la soie, les habitants ont leur propre «élevage» de vers à soie et utilisent différentes plantes, fleurs et graines pour donner de la couleur à la soie. Le papier, lui, est fait à partir des fibres d'un arbre appelé «mulberry»... on appelle aussi le papier «saa paper». Je ne sais pas si «mulberry» fait vraiment référence à un mûrier. C'est le genre de détails qu'il est difficile de vérifier, même avec un Lao qui parle bien anglais. En tout cas, ces arbres qu'on utilise pour fabriquer le papier poussent un peu partout. On en défait les fibres blanches du troncs et on les laisse tremper dans l'eau. Ensuite, on fait bouillir pour en faire une sorte de pâte blanche (en y laissant des fibres pour une belle texture). Dans un grand bac rempli d'eau, les femmes étendent la pâte sur des grandes plaques quadrillées, y ajoutent des fleurs ou des feuilles de bambous et font sécher au soleil. Avec des fleurs et des graines, elles peuvent donner de belles couleurs vives au papier. Mais revenons-en au tissage.

Évidemment, la soie est la matière la plus utilisée, mais on retrouve aussi du coton. Dans ce village, il est clair que la soie et le coton proviennent bien du Laos, contrairement à ce qu'on retrouve dans le marché de nuit, où la provenance des objets de soie est variable. Dans la boutique de Boualay, j'ai pu voir chaque étape de production des fils de soie, ainsi que la réalisation des foulards. Wow! Quel travail! Je réalise en les regardant et en essayant moi-même de faire un foulard de soie que le temps et la patience que cela prend sont clairement supérieurs à la valeur de vente de ces petits bijoux. Et, j'ai essayé l'un des modèles les plus simples... J'ai fait la partie tissage uniquement. Le montage du métier à tisser avait déjà été fait. Faire le foulard a dû me prendre au total 9h, ce qui est quand même acceptable pour une débutante. Néanmoins, le montage des fils pour ce foulard a pris, à ce qu'on m'a dit, une journée entière. On comprend donc qu'elles font plus d'un foulard du même type à la fois. Celui que j'ai fait comporte seulement deux couleurs et ne nécessite aucune broderie. Ça m'aurait pris des semaines pour en faire un comme celui de ma voisine. La broderie se fait au fur et à mesure qu'on avance avec le métier à tisser, en faisant passer de tout petits fils sous quelques cordes seulement. Le montage qui donne le «design» à ce type de foulard prend trois jours... et je n'arrive toujours pas à imaginer comment on peut arriver à reconnaitre quel type de design on obtiendra avec la façon dont on fait le montage. Quelques tiges de bois, des tonnes de petites cordes de soie qui passent de part et d'autres de chacunes des tiges de bois selon un modèle précis et très ordonné, voilà qui peut donner un modèle avec des personnages ou des formes géométriques toutes égales. Ouf!

J'ai vraiment pris plaisir à faire le tissage. C'est très routinier et ça demande beaucoup de concentration. Dès que je tombe dans la lune, j'oublie une étape, ou encore, je n'appuie pas sur la bonne pédale... ou bien je laisse un bout de fil sur la bordure... ou je fais le coin trop serré et c'est inégal... Bref, il faut y mettre toute sa concentration. Ça fait du bien pour faire le vide et décrocher. Évidemment, c'est amusant pour quelques avant-midi, mais à longueur de journées, de semaines, de mois, et même, d'années, je trouverais certainement le temps long! Et sans doute que je développerais soit une tendinite à l'épaule, des douleurs chroniques au dos ou au cou, ou alors, je conserverais une posture voûtée, comme la plupart des femmes âgées ici. Chapeau à ces femmes patientes et endurantes!

L'apprentissage comme tel a aussi été une expérience en elle-même. Mon «entraîneure» de tissage était une femme plutôt âgée, laosienne, ne parlant que le lao (ou peut-être aussi un autre dialect du laos). Et toute nos compatriotes ne parlaient aussi que le lao. Je dois avouer que la dame n'était pas très pédagogue s'entêtant à me répéter incessament les mêmes choses en lao, plus lentement ou plus fort, mais sans support gestuel... Au bout d'un certain temps, j'ai l'impression qu'on me prenait pour une personne stupide qui ne comprend jamais rien... Mais c'est que disons que peu importe ce qu'elle aurait dit, je n'aurais rien compris! Elle en venait parfois à me tapper les doigts ou me donner une tappe sur l'épaule lorsque je faisais des erreurs, me rappelant ma première professeur de piano, vieille religieuse n'ayant jamais accepté le monde contemporain! Toutefois, ma professeur de tissage avait un merveilleux sourire lorsque je faisais un bon coup! En tout cas, l'orthophoniste en moi a encore une fois expérimenté ce que peuvent ressentir des personnes aphasiques de type Wernicke. Tout ce que j'entendais ne faisait aucun sens pour moi et bien que je sois capable de parler, tout ce qui sortait était incompréhensible pour les autres. Génial comme expérience, mais combien difficile. Et le regard exaspéré des autres lorsque je ne les comprends pas, malgré leurs efforts... comme si j'étais une imbécile! Ça renforce bien l'importance de former les partenaires de communication afin de les outiller pour mieux se faire comprendre par la personne ayant des difficultés de communication.

Tout près de la boutique de Boualay, il y a la boutique de Tadam, dont j'ai oublié le nom. Tadam est une jeune entrepreneure laosienne! Début trentaine, célibataire, parlant un très bon anglais et ayant un esprit artistique développé, elle a ouvert sa propre boutique de soie et de coton. Elle fait ses propres modèles et ses propres couleurs, qui sont différents de ce qu'on trouve dans toutes les autres boutiques et au marché de nuit. À date, c'est la seule que j'ai vu qui offre des modèles différents. Sa boutique est belle, bien installée et très conviviale. Tadam offre un café, un thé, un verre d'eau à quiconque vient visiter sa boutique. Elle se fait un plaisir d'expliquer les étapes menant à ces beaux résultats et même de faire essayer quelques lignes sur un foulard ou un napperon. Chaque fois que je la visite, elle me montre ses nouvelles créations. Dès ma deuxième visite chez elle, elle m'a invitée à manger avec elle et nous avons donc passé des heures à discuter ensemble. C'est vraiment intéressant d'entendre son point de vue sur sa propre culture, surtout qu'elle sort un peu du cadre. Le début d'une amitié?

lundi 11 octobre 2010

Destination





Luang Prabang. Maintenant que je la connais un peu mieux, je peux vous presenter cette ville qui m'accueille pour quelques temps. Deux rivières y passent, la Nam Kha qui se jette dans le Mekong (plutôt connu comme un fleuve mais qui est plus une rivière ici). Présentement les deux rivières ont une eau brunâtre, mais lorsqu'elle sera à son plus bas et au coeur de la saison sèche, la Nam kha deviendra claire et baignable, bordée de quelques plages. Le Mekong, par contre, reste plutôt brun tout le temps, je crois. Une péninsule est formée par la présence des deux rivières. C'est le coin le plus animé de Luang Prabang. C'est là où `l'on retrouve la plupart des «guesthouse», des restaurants «falang» (étrangers), des boutiques pour touristes et des agences de voyages ou de tours organisés. Trois rues sont particulièrement animées dont deux longent chacune des rivières et l'une est au centre de la péninsule. Partout on retrouve au coin des rues des étals qui servent la fameuse «noodle soup» d'inspiration vietnamienne. Au coin de la principale, on retrouve aussi des «stands» où on peut manger d'énormes sandwichs dans du pain baguette (inspiration française bien sûr); les choix sont variés: thon, poulet grillé, fromage de la vache qui rit, jambon, oeuf ou même Nutella! On peut facilement accompagner cela d'un «shake» aux fruits (avec lait et lait de coco). Délicieux! :) Le soir, cette même rue se remplit de vendeuses Hmong (ethnie du Nord du Laos qu'on retrouve aussi au Vietnam, en Thailande et en Chine). C'est le « Hmong Night Market». Là, c'est le paradis des foulards de soie, des couvres coussins, des lampes en papier faites à la main (mulberry paper), des vêtements style «thai pants ou fisherman pants» et de pleins d'autres objets d'artisanats, surtout en soie et coton tissés. Souvent la soie vient vraiment du Laos, mais tout aussi souvent elle vient de la Chine ou d'autres pays voisins. Le résultats est plutôt semblable! Le soir il y a aussi, transversalement au Night Market, la ruelle de nourriture! Hummm! Poissons entiers, poulets, canards et buffles se cotoient sur les barbecues, parfois séparés par de grandes tables de «buffets végétariens» où on se sert une énorme assiette de nouilles de riz de toute sorte, de légumes à différentes saveur et de riz pour à peine plus d'un dollar...! Personnellement, j'adore terminer ce festin avec un petit dessert dont je n'ai aucune idée du nom, mais qui est délicieux. C'est comme de minis omelettes sucrées au coconut, cuites dans de petits moules en demi-sphères. Miam!





À Luang Prabang, vaut mieux sortir tôt, car à 11h30, couvre-feu, tout ferme! 1 ou 2 bars Lao arrivent à rester ouverts quelques heures de plus chacun leur tour (en dehors de la péninsule), avant de devenir la cible des policiers. Quelques endroits plus privés permettent aux initiés qui connaissent bien le coin d'aller dans des «after party» (appellation typiquement française) jusqu'aux petites heures...








En dehors de cette péninsule toujours vibrante d'activités, Luang Prabang se divise en plusieurs mini-quartiers qui portent le nom des Wat (temples) qui y sont. Dans ces rues, plus tranquilles, il y a tout ce qu'on retrouve dans une ville; quelques bâtiments gouvernementaux, un stade, un centre sportif (le badminton est très populaire ici, mais plus dans la rue que dans un gymnase si j'ai bien compris!), de gros hôtels très chics et très chers, et des maisons de très petites à très grandes!! On voit peu de voitures dans les rues, quelques grosses camionnettes (pickup!), beaucoup, beaucoup de motos/scooters et plusieurs tuk-tuk. Peu de Lao marchent, s'ils n'ont pas de motos, ils vont opter pour une bicyclette, semblable à la mienne! Tout le monde conduit lentement et les règles de conduite et les panneaux de signalisations sont seulement des suggestions.


On n'a pas besoin de se rendre bien loin pour se sentir en dehors de la ville. On traverse le pont vers chez moi ou bien on fait à peine 2 ou 3 km sur n'importe quelle route qui sort de Luang Prabang et on tombe sur de petites routes en terre, des maisons plus petites, peu de services et une tranquillité incroyable! :)





mercredi 6 octobre 2010

suite...

J ai presque oublie d expliquer la presence de l objet rose non identifiable dans le panier de ma bicyclette rouge... C est en fait un poncho contre la pluie assez robuste et qui ne sent pas particulierement bon (plastique qui a chaud tout le temps!). Juste apres l achat de mon velo, j ai pense que je devais nous proteger de la pluie mon sac et moi, puisqu il peut parfois y avoir des averses de pluie assez violentes! C est donc un incontournable a posseder (porter un manteau de pluie n est pas une option, c est trop chaud, le poncho est vraiment de mise!). J ai donc choisi un magasin presque digne d un vrai magasin, et on m a propose un poncho bleu marin assez sobre qui me convenait plutot bien. Au moment ou je fais mon choix et ou nous decidons presque ensemble du prix final de vente, la gentille dame fouille au fond de son grand panier et me sort le fameux poncho rose avec un sourire noir et jaune tout a fait craquant. C est le comble du bonheur pour elle de pouvoir m offrir un poncho rose... Je ne resiste pas. J apprends un peu plus tard que la rose est vraiment une couleur prisee chez les Lao... Bon tant mieux, je serai a la mode!!

Sourire!!



L'effet de la nouveauté s'est déjà dissipé, donc le sourire n'est plus là à chaque fois. Toutefois, je jure que durant au moins 3 jours, chaque coup de pédale était source de sourire! Et oui! J'ai passé à l'acte! J'ai fait l'acquisition d'un vélo! Et pas n'importe lequel! J'ai tergiversé quelques temps je l'avoue. Deux me semblaient avoir un caractère particulier. Un «becyk jaune» ou une «bicyclette rouge». J'ai opté pour le deuxième choix. Plus distingué... à mon image dirait mon père! J'ai une amie qui m'a dit un jour qu'une auto rouge allait toujours plus vite. J'imagine qu'une bicyclette rouge aussi. Je n'ai jamais su plus vite que quoi, mais c'est plus vite! En tout cas, c'est certainement plus vite qu'à pied! Je savoure cette liberté nouvelle pour découvrir Luang Prabang et les petits villages alentours. Je ne regrette en rien de ne pas avoir choisi le moteur! Par contre, pour certaines sorties en dehors de Luang Prabang, je devrai louer un vélo un peu plus robuste ou encore me faire des amis à moto!
Réalistement, la sensation de liberté est limitée avec ma bicyclette rouge. La moitié des chemins que j'emprunte sont en terre, en roches (je n'oserai pas appeler cela gravier) et en trous d'eau. Évidemment, je n'ai pas de suspension sur mon vélo. Le son qui m'accompagne est celui de mon panier avant, en plastique, qui vibre, me faisant penser à mon premier vélo (rose celui-là!) qui arborait un panier blanc avec une grosse fraise devant. Oui, ça me fait sentir petite fille! Par ailleurs, c'est bien un vélo d'adulte, mais les gens sont en général assez petits au Laos. Même avec le banc au plus haut, il manque encore quelques bons centimètre afin d'atteindre ma position optimale. Bon en pédalant debout, on se sort de bien des obstacles! Derrière mon banc, au lieu d'un support à bagage, j'ai une deuxième banc et j'ai même les repose-pieds rétractables de chaque côté de la roue arrière! Je n'ai pas encore essayé cette fonction. Le dernier élément digne de mention est la magnifique sonnette en forme de ballon de soccer que mon beau-frère apprécierait sûrement!

lundi 4 octobre 2010

Sourires!!


Je vis et je vois des choses beaucoup plus pertinentes, mais j'avais tres envie de vous partager deux petites choses qui m'ont fait sourire!






D'abord cette epouvantable sorte de chips Pringles aux "blueberry and hazelnut". Fermez les yeux et imaginez-vous un gout artificiel de bleuet style glacage bleu fluo sur un gateau d'epicerie... et superposez cela a des chips Pringles nature. Le resultat vous inspire? Personnellement... pas du tout (ne vous fiez pas a mon sourire)!!

Je vous presente maintenant l'orange Julep version Luang Prabang (comme ses habitants, c'est format mini!). Clin d'oeil aux Montrealais!

Moi!

Moi. J'ai des tonnes de sourires à vous partager et des tonnes d'information sur Luang Prabang, ses alentours et ce que j'y fais. Mais pourtant, c'est la section Moi qui prend le dessus aujourd'hui! Les choses évoluent vite quand on est dans un environnement nouveau. Je viens de passer une étape importante dans mon périple et il en ressort des prises de conscience. Les 10 premiers jours que j'ai passé à Luang Prabang ont été comme une Lune de Miel! Ceux qui ont voyagé connaissent certainement ce premier état euphorisant! Tout est beau, tout est génial, tout est emballant, tout goûte bon, tous les gens sont gentils... Mais il vient un moment où l'on retombe les deux pieds sur terre (sans nécessairement se péter la gueule non plus!) et là, on devient plus réaliste! C'est là où j'en suis. Détrompez-vous, ce n'est pas une période de déception non plus. Simplement un moment d'ajustement! Et puis voilà, pour moi ça prend la forme d'une réajustement très personnel face à mes objectifs de voyage par rapport aux rencontres que je fais et au rythme de vie de ces différentes personnes. Lors de mon dernier voyage en Asie, je bougeais sans cesse et je jouissais d'une liberté extrême. Étant seule, chaque décision m'était propre et n'avait d'effet sur personne d'autre que moi. Là, en restant au même endroit pendant plusieurs mois, cette situation est bien différente! Rapidement, je rencontre des gens, surtout les «expats» de Luang Prabang. Mais peu importe qui sont ces gens que je rencontre, en développant un réseau social, on entre dans une dynamique. La dynamique ici est particulièrement festive et déjà, ouf!, trop pour moi! Mais peu importe quel type de dynamique il y a, ou quel type de dynamique s'installe (car c'est toujours en mouvement, le mot le dit!) ce que je réalise c'est qu'il y a avec ça des attentes. Et souvent, c'est par les attentes que les autres ont envers nous que nous nous définissons, ou que nous agissons d'une telle ou telle façon. C'est ce dont mon premier voyage en Asie m'avait permis de me dissocier. Je me rends compte maitenant que cette fois-ci, je devrai faire une étape de plus et agir et me définir avec autant de liberté, tout en subissant l'assaut de ces fameuses attentes sociales! Bref, mon espoir est d'arriver à y vivre bien, tout en en étant détachée. Réussir à faire passer mes intérêts avant ceux qu'on souhaite que j'aie. Assumer mes choix, mes agissements, mes réactions. La parole de Ghandi que vous retrouverez en bas de la page de mon blog résume bien ce à quoi j'aspire. C'est un long travail sur soi! Juste avant mon départ, j'ai eu de belles discussions avec quelques personnes que je connais bien et d'autres moins bien, mais qui m'ont lancée sur le bon chemin. On m'a entre autres appris à cesser de nommer cette attitude que je viens de décrire par «égoïsme». Je suis à la recherche d'un meilleur mot!