3 mots. 3 raisons d'écrire. 3 mots qui peuvent vivre seuls ou reliés. 3 mots séparés, parce que je ne peux choisir une formulation. Et parce que de cette façon, pas de restrictions, les fenêtres sont grandes ouvertes!

jeudi 9 juin 2011

Destination

Destination, «baci» de départ.

Un «baci» est une cérémonie typiquement laotienne très fréquente chez les Laotiens bouddhistes. Il en existe aussi des variantes dans certaines ethnies animistes. Les Laosiens organisent des bacis pour toutes sortes de raisons; mariage, nouvelle maison, début de construction d'une maison, ouverture d'une entreprise, demande de guérison, remerciement de guérison, nouveau bébé, parfois même nouvelle mobylette...! Ces cérémonies sont plus ou moins longues selon la présence ou non de moines pour mener la cérémonie et selon la raison d'être de la cérémonie. Qu'elle dure 30 minutes ou une heure 30, il y a toujours un petit autel en feuilles de bananiers et de palmiers et en fleurs, autour de laquelle des dons en nourriture et en argent sont posés. Durant la cérémonie, on fait appel aux esprits pour qu'ils apportent bonheur, santé, chance et prospérité à la personne (ou aux personnes) pour qui on l'a organisé. Le «leader» de la cérémonie adresse des souhaits à la personne honorée en s'adressant directement à elle. Il prend ensuite des cordelettes de coton enroulées sur une tige de bois piquée dans l'autel et en noue une à chaque poignet de la personne honorée. Ensuite, tous les participants au baci répètent les mêmes ( ou parfois de nouveaux) souhaits à la personne en lui nouant aussi des cordelettes autour de chaque poignets.

J'ai eu la chance - un grand merci à Nathalie - d'avoir un baci organisé pour moi, pour mon départ. Une belle surprise lundi matin dernier! Ce fut un magnifique baci, très touchant pour moi, rassemblant à quelques exceptions près tous mes amis Laotiens et expats de Luang Prabang. Je me suis retrouvée avec près d'une quarantaine de bracelets de coton blanc à chaque poignet, chacun représentant les souhaits d'amis ou des quelques voisins du village qui sont venus pour mettre en place «mon» baci. Et comme à l'habitude à Luang Prabang, la cérémonie s'est poursuivie avec une belle fête, bien arrosée et avec nourriture à profusion pour tout le monde, jusqu'au soir. Et la finale obligée: une fin de soirée au «Full moon Karaoke», histoire de me combler du matin au soir! ;)

Un départ en beauté de Luang Prabang!

mercredi 8 juin 2011

Moi.

Moi. Départ ou retour.
Le moment de quitter Luang Prabang est venu. Est-ce un nouveau départ ou un retour? J’aurais d’abord cru que quitter le Laos correspondrait à un retour à la maison, mais je le sens plutôt comme un départ de mon nouveau chez-moi, avec tous les «aurevoirs» qui viennent avec! Oscillant entre la joie d’aller retrouver famille et amis dans mon pays, le Québec, et la tristesse de quitter tous ces amis de Luang Prabang et de ne peut-être plus les revoir, j’ai profité pleinement de chaque instant de mes dernières semaines au Laos. Le sentiment d’urgence a pris beaucoup de place dans les derniers temps, alors que j’accumulais les «dernières fois» de tout.

Je prépare mentalement mon retour au Québec. J’ai deux semaines de vacances à Bali pour m’y préparer. Sage décision que j’ai prise il y a plusieurs mois déjà que de me donner une petite période de transition avant de rentrer. Ça m’a permis de vivre pleinement mon départ de Luang Prabang, de faire mes «aurevoir» - ou mes adieux?- sans penser tout de suite à mon retour à la maison. J’ai maintenant deux semaines pour m’orienter vers ma vie Québécoise. Maintenant que je suis déjà loin du Laos, je me sens plus apte à m’y consacrer. J’ai la chance de revoir ici pour quelques jours un couple de gaspésiens, qui sont passés de connaissances à amis alors que nous vivions le Pi Mai Lao ensemble. Et leur présence ici et ensuite en Gaspésie m’est rassurante. Je me prépare à faire face à une incompréhension plutôt grande de la part des amis au Québec, par rapport à mon expérience de cette année, mais je sais que je pourrai au moins partager une partie de souvenirs avec ce couple, et avec notre amie commune qui m’a aussi visité peu de temps avant eux.

Je me prépare mentalement à devoir tenter de trouver une réponse de maximum deux minutes à la multitudes de gens qui me diront «Pis ton voyage?», mais qui au fond n’auront que quelques minutes à consacrer à la réponse et qu’un minimum d’intérêt réel. La plupart des gens voudront entendre «Ho c’était génial, il fait toujours beau là-bas et j’ai rencontré pleins de gens merveilleux». Mais je devrai mettre de côté les frustrations face à la différence culturelle, je ne pourrai partager le goût des aliments locaux, l’odeur des marchés, le sourire des enfants curieux, la lenteur de la vie locale, les détails environnementaux, la beauté des temples et leur ambiance reposante, les fous rire en plusieurs langues et bien d’autres choses! Bien sûr, quelques rares personnes seront réellement intéressées et seront prêtes à tout savoir, tout voir - je les remercie d’avance, c’est précieux , mais alors ce sera moi qui ne saurai plus par où commencer, qui aurai peur de donner trop de détails, qui n’arriverai pas à faire vraiment comprendre comment c’était.... Puisqu au fond, il faut le vivre pour savoir! Alors je me prépare mentalement à tout cela...

Et je m’organise pour faciliter ma réintégration au monde Québécois, au monde occidental. Bien sûr, le début est facile à prévoir: du temps pour revoir tout le monde! Québec, Montréal - Sherbrooke? Trois-Rivière? - Rimouski, Matane, Carleton, Maria, Caplan, Bonaventure... et autres villes, chacune correspondant à au moins un ami, défileront durant les premiers jours, voire, semaines. Puis, je continuerai à faire défiler les villes, à vitesse réduite, en en parcourant une partie à vélo. Ce sera mon «projet retour». En bonne élève, je n'ai jamais oublié ces bons conseils qu'on m'a dit il y a quelques années, et qui s'avèrent efficace. Donc, en prévision de la dépression post-retour, je mets en branle un projet avant même d'arriver au Québec. Ce sera un petit voyage, dans mon pays, à vélo. À vélo, pour retrouver un peu de la lenteur sud-asiatique, seule, pour me retrouver, en camping, parce que j'aime ça (et parce que les prix au Québec sont exorbitants), dans la nature, sur le bord de la mer, du fleuve, dans la forêt, pour me rapprocher de la quiétude nécessaire pour reprendre de bonnes habitudes de méditation. Ce sera un petit voyage dans mon pays d'origine pour y intégrer les nouveautés de mon pays intérieur et des parcelles de mon pays temporaire!

samedi 23 avril 2011

Destination


Destination Pi Mai Lao. En avril, c'était le Nouvel an Lao. Wow, quelle aventure! C'est une fête gigantesque ici. Déjà, les Laotiens ont la bonne (ou mauvaise - selon le point de vue ou le degré de modération) habitude de fêter tout ce qui est possible de fêter. Mais les trois jours du Pi Mai sont le summum des fêtes Laos. Comme lors de chaque célébration Lao, c'est toujours bien arrosé de «Beer Lao» et de Lao lao (whisky de riz). Mais ce qui est différent durant cette fête, c'est l'ambiance dans laquelle se fait cette beuverie! Essayez d'imaginer cela...
La ville entière devient le lieu d'une bataille d'eau monumentale. Pendant trois jours, petits et grands se donnent à coeur joie dans cette guerre mouillée. Fusils à eau, pleines chaudières, seaux de toutes les tailles, tuyaux d'arrosage sont partout. Pour agrémenter le tout, certains se promènent avec des sacs de farine ou du cambouis, histoire de nous faire un beau style propre. Puis certains ajoutent colorant ou peinture à leur eau. Tout ça rend les rues de Luang Prabang très colorées! Partout la musique est à son maximum (comme d'habitude...) et les gens dansent dans la rue, sur les tables, dans les «boîtes de pickup»... partout! Le contraste avec la retenue habituelle des Laosiens est impressionnant. Pour un pays où les planchers de danses sont illégaux dans les bars, et où même la musique était interdite il n'y a pas si longtemps,
ce n'est pas peu dire! Les seuls endroits pour danser sont des espèces de discothèques typiquement laotiennes, avec une musique très redondante et peu originale, et où on ne danse que les danses traditionnelles, elles aussi très redondantes et peu originales: ce sont des danses en lignes ou des danses en couple durant lesquelles on ne se touche pas et on ne bouge que les mains devant nous en faisant quelques pas de face ou de côté. Dans les discothèques pour jeunes, où on peut maintenant entendre de la musique thailandaise et de la pop internationale, on ne voit habituellement que les falangs danser. Cela dit, ces trois jours de Pi Mai représentaient un chaos et un laisser-aller peu habituel!

vendredi 8 avril 2011

Moi. Destination. Sourire.

Moi. Destination méditation. Opération sourire!

10 jours de Vipassana. 10 jours qui viennent de se terminer. 10 jours intenses, très intenses. Je suis sans mot par rapport à cette expérience... Ou non, je ne devrais pas dire sans mot car ils sortent maintenant tous seuls, mais je n’arrive pas à capturer les bons mots, comme si mon expérience dépassait la force des mots. Serais-je encore sous le choc...? Peut-être, il faut prendre le temps de retomber les deux pieds dans le monde, après tant de temps à analyser les sensations les plus subtiles possible...

Vipassana... Une technique de méditation, assurément, mais un mode de vie surtout, un art de vivre. Une pratique quotidienne est nécessaire pour la continuité des apprentissages, acquis et bienfaits que j’ai expérimentés pendant ces 10 jours. Deux heures par jour sont demandées; une le soir, une le matin, chacune suivie de quelques minutes de «metta», la technique de méditation qui permet de partager avec tous l’amour, la compassion, la paix, l’harmonie, le dhamma que l’on cultive en nous. Puis s’endormir le soir en pensant, équanimement (avec objectivité), à nos sensations et leur caractère impermanent, changeant à chaque instant, «annicca». Et faire tout cela en respectant certaines règles essentielles de moralité, «silah» et en faisant preuve d’attention consciente et de sagesse, «simantha». Beau contrat!!

(Ici, j’en entends plusieurs se dire... «Mais qu’est-ce que ce charabia? Ce vocabulaire bouddhiste? Ce n’est qu’une secte de plus, une doctrine, qui te force à suivre des règles particulières....» Et je répondrais que j’ai réagi de la même façon au début... Puis j’ai compris qu’un nouveau vocabulaire était nécessaire pour nommer ce que notre langue ne connait pas. Et j’ai aussi compris que les règles allaient de paire avec un bon sens moral. Il n’est donc pas du tout lieu de suivre aveuglément les commandements d’un guru quelconque.)

Les 10 jours que je viens de vivre m’ont paru être parmi les plus durs de ma vie pendait que je les vivais, mais déjà avec la merveilleuse capacité du cerveau humain à effacer (ou camoufler, cacher, refouler...) ce qui fait mal pour laisser la place aux souvenirs plus agréables, les difficultés s’estompent dans ma mémoire. Puis maintenant, je dois avouer que je me sens plutôt bien, légère et que je me suis débarrassée de certaines négativités, ce qui aide à voir le côté positif !

Au début il faut vraiment se faire violence pour arriver à rester assis à tenter de méditer pendant plus de 10 heures par jour, et ce, dès 4h30 du matin! Surtout qu’au début, on doit dompter son esprit qui saute partout comme un singe dans une cage. Il faut observer sa respiration naturelle, sentir l’air qui passe au niveau des narines! Wow! C’est une activité si captivante que mon esprit arrive à y laisser son attention pour la durée incroyable de deux respirations. Génial! Ça va être beau pendant 10 jours... Je me demande alors vraiment ce que je fais dans ce centre. Et puis, j’entends les chants supposés supporter notre méditation. Je me questionne réellement à savoir si cela n’est pas un coup monté, une farce à grande échelle! Sur l’enregistrement, l’homme a une voix des plus ordinaires et semble avoir choisi des syllabes au hasard dans son répertoire et les mettre sur des notes disparates sans mélodie avec un rythme cassé. Et pour couronner le tout, il ose descendre sa voix si grave, qu’elle n’est alors plus voix, elle n’est que raucité (ça d’ailleurs, ça fait siller mes oreilles d’orthophoniste) et donne à l’ensemble un effet très peu harmonieux! La voix ose alors prendre la parole (en anglais) en prenant bien soin de faire dans le rauque de temps à autre. Puis elle a cette énervante habitude de répéter trois fois le dernier mot de ses phrases. Non mais dans quoi me suis-je embarquée?!

Sous les bons conseils de la voix enregistrée qui nous présente tous les soirs un discours sur la technique de méditation, je décide malgré tout de donner ses chances à la technique et de l’essayer «dans toute sa pureté», comme le dit la voix. Il y a une bonne part d’orgueil qui m’empêche d’abandonner. Et de la curiosité aussi. Plus tard, c’est la détermination qui prend le relais. Surmonter l’épreuve, aller jusqu’au bout, apprendre le plus possible, me rendre le plus loin possible, bénéficier de l’endroit, du support, pour atteindre le stade le plus profond possible. Mais tout cela, ce n’est qu’après les premiers jours passés... Et même, ce n’est qu’à la toute fin. Est aussi venu un moment où je me suis mise à apprécier les chants (qui ne sont pourtant jamais devenus mélodieux) et à trouver à l’homme derrière la voix un bel humour!

Alors, je finis par donner ses chances à la technique et me lance dedans. Je travaille dur, très dur. Toutes sortes d’idées, de pensées, surgissent dans ma tête. Tout cela diminue tranquillement; interdiction de parler avec quiconque ou de se divertir l’esprit avec quoi que ce soit aidants.

Au jour 4, on apprend et pratique la technique de Vipassana. On a maintenant appris à faire taire notre esprit de notre mieux et à porter notre attention sur une toute petite partie du corps, si petite qu’on apprend à bien aiguiser notre attention. Maintenant, ces infimes sensations qu’on a ressenties sur une petite partie de notre corps, on doit s’efforcer de les observer sur tout notre corps. On le «scan» de la tête au pied, et plus tard, des pieds à la tête aussi, partie par partie, et on observe les sensations. C’est là que le travaille s’intensifie. On a deux sortes de sensations; les subtiles et les grossières. Les deux vont et viennent toujours. Elles sont soit agréables soit désagréables, voire très désagréables, et il ne faut que les observer, sans y réagir. C’est cela Vipassana. Observer les sensations sans réagir, observer objectivement, comme un scientifique le ferait pour observer un phénomène quelconque. Et c’est de cette observation objective qu’on peut tirer les conclusions, qu’on peut expérimenter la vérité, la loi de la nature. On nous avertit bien de ne pas croire aveuglément ce que l’on nous dit, mais de ne le croire que lorsqu’on l’aura vécu nous-mêmes. Donc Vipassana, c’est d’observer objectivement, avec «équanimité» nos sensations, sans y réagir, et en comprenant la loi de la nature, soit que tout change, tout est impermanent; c’est «annicca». Et c’est tout un défi! Et l’expérience est d’autant plus éprouvante qu’à partir du jour 6, on doit, trois fois par jour, exercer une heure de méditation sans bouger. Il faut être immobile: interdiction d’ouvrir les yeux, les bras, les jambes, la bouche. Je vous laisse imaginer les douleurs ressenties... C’est atroce! Et pourtant il faut continuer à être équanime face à nos sensations... observer, observer, ne pas réagir, tout change, ça va, ça vient, ça va passer, comme tout le reste... Par moment, ça frôle la torture! Mais il a les discours le soir qui nous explique théoriquement ce que l’on travaille ainsi, et on a l’expérience, le vécu, les résultats qui concordent avec les discours et qui nous convainquent de poursuivre.

On apprend donc qu’en cessant de réagir aux sensations, on cesse de créer de nouveaux «sankaras» (réactions) d’aversion et de désir. Ces deux «sankaras» sont les causes de toutes souffrances, voilà pourquoi nous devons nous en libérer. Mais, dans notre vie, nous les accumulons et les multiplions chaque fois que nous réagissons aux sensations d’aversion et de désir qui nous envahissent et les laissons ainsi se gonfler et prendre beaucoup de place. La technique de méditation de Vipassana vise à nous apprendre à cesser de créer de nouveaux «sankaras» d’aversion et de désir et à épuiser les stocks que nous avons accumulés non seulement depuis notre naissance, mais depuis plusieurs vies antérieures. (Ça c’est un autre point qui correspond à nos croyances, personnelles ou collectives, ou non. Et comme le reste, on peut mettre de côté si cela ne nous convient pas d’y croire et de ne le croire que si l’on expérimente nous-même l’existence de la réincarnation). Intellectuellement, les concepts sont souvent faciles à comprendre, et il est important de les comprendre ainsi pour pouvoir bien travailler et arriver à les expérimenter. Toutefois, les comprendre intellectuellement ne veut pas dire y croire ou y adhérer, il faut attendre de les vivre pour cela. Et pourquoi, donc, le désir et l’aversion sont les causes de nos souffrances? Et bien l’aversion, engendre beaucoup de négativité. Et, comme on l’entend parfois, la colère engendre la colère. Et bien c’est cela, quelque chose nous fait avoir une sensation désagréable sur le corps, nous y réagissons, par de la colère par exemple, et les sensations se multiplient, les réactions aussi. S’y rattache les anciennes réactions de colère qui se réveillent avec ces sensations similaires, et la colère prend de l’ampleur. Ensuite, la simple fait d’y penser, même si l’objet initial de la colère n’est plus présent, ces sensations et la colère qui vient avec peuvent remonter à la surface. Et cette colère nous rend malheureux. Une personne en colère, est une personne qui souffre. Et en plus, elle se fait souffrir elle-même en nourrissant sa propre colère. Pour le désir, il en va de même, et cela est source de souffrance car qui dit désir, dit attentes et déceptions, insatisfactions. Pendant la méditation, les sensations grossières, comme la douleur par exemple, sont les «sankaras» d’aversion qui font surface et les sensations subtiles, celles de désir. On les observe donc avec objectivité, équanimité, c’est-à-dire sans développer ni aversion, ni désir envers elles.

Et donc, en appliquant la technique, dans toute sa pureté, et en travaillant très, très, dur, on arrive à faire partir des sensations de douleurs tellement intenses et à sentir des sensations subtiles tellement subtiles qu’on expérimente ce que les scientifiques et méditant nous disent: nous ne sommes composés que d’infimes particules qui vibrent, apparaissent et disparaissent... Nous sommes immatériels, nous ne sommes pas solide. Mais nous devrions pourtant être plus que la somme de ces particules, si nous avons des sensations, des réactions? Oui, d’autres éléments entrent en jeu (et là je ne suis pas trop experte en la matière, je n‘ai pas tout assimilé l‘information, n‘ayant pas encore tout «vécu» moi-même), et nous sommes doté de la faculté de penser. Mais en même temps, nous ne sommes rien. Qu’est-ce que «moi», «je», si ce que j’étais il y a 1 an, 1 heure, 1 minutes, 1 seconde n’est plus? Nous pensons que nous sommes la même personne, car nous avons tous créé un «moi» pour nous-mêmes, mais ce «moi» change d’instant en instant et n’est plus le même. Un méditant expérimenté peu sentir son corps vieillir, car il peut être conscient de tous ces changements dans son corps qui lui montrent qu’il n’est plus le même. Néanmoins, pour vivre dans le monde, pour faciliter les choses, on conserve cette terminologie et cette convention du «moi». (Personnellement, je ne suis pas rendue suffisamment loin dans la pratique de la méditation pour être détachée de ce moi, «je suis» toujours!). Tout n’existe que dans le moment présent et comme le présent change constamment, personne ne peut le montrer à personne... Il faut donc le vivre!

J’ai donc senti mon corps se dissoudre, se diviser en infimes particules, pour ne devenir que vibrations. Et en méditante débutante, je me suis attachée à cette sensation agréable... Et elle a disparue, laissant place à d’autres sensations beaucoup plus grossières et moins, beaucoup moins agréables. Je me suis mise à jouer au jeu dangereux des sensations, passant de l’euphorie à la dépression, la négativité, le découragement; ce qui est le pire ennemi du méditant. Les «sankaras» sont remontés, encore et encore. J’ai perdu mon équanimité. Échec. J’ai oublié, le temps d’un instant, que tout change, et j’ai voulu faire durer ce moment de sensations agréables. Je reprends alors. Déterminée à retrouver mon équanimité, je recommence. C’est encore plus difficile et frustrant, mais je travaille très fort et ne referai plus cette erreur. Je n’ai pas pu atteindre ce niveau par après, mais j’ai travaillé des tonnes et des tonnes de «sankaras» d’aversion. Et je travaille ceux du désir; ne pas réagir, ne pas réagir, tout change, tout est impermanent. Je ne retomberai pas dans le même piège. Je suis très consciente de mes sensations, d’une conscience attentive.

Parmi les sensations à observer de façon objective, j’ai eu à faire face à des sensations en particulier que je connais très bien et qui ont représenté tout un défi pour moi. La première étape du «scan» des sensations sur le corps se fait en surface. On observe donc toutes les sensations sur le corps. Puis, lorsqu’on est capable de faire passer un flux libre à travers tout le corps, sans embuche, alors on se met à travailler les sensations à travers le corps, à l'intérieur. Je ne suis toujours à travailler que celle en surface, sauf qu’à un certain moment, des sensations auxquelles je réagis fortement se sont manifestées à l‘intérieur. Les sensations physiques rattachées à l’angoisse, l’anxiété. J’ai eu à y faire face lors d’une période de méditation immobile d’une heure. Je n’avais donc pas le choix. J’ai donc décortiqué ces sensations comme un biologiste disséquerait une plante, un animal. J’ai observé les sensations de serrement, de tensions, de pression. Cela m’a bien pris une heure, à travailler mon objectivité, à comprendre que tout change, à observer et observer, puis, petit à petit, les sensations physiques ont perdu le sens que je leur donne et se sont mis à disparaitre en vaguelettes, en vibrations et je me suis libérée de cette sensation. J’étais bien fière de moi. Et cela m’a aussi aidé à voir les bénéfices réels de la méthode. Car, oui, je suis passée par des périodes de doutes intenses, de questionnements. J’ai eu du mal à comprendre comment cela pourrait prendre une place dans ma vie de tous les jours, car, loin de moi l’idée de vivre une vie de moine. Mais cet épisode, très concret pour moi, m’a permis de dissiper plusieurs doutes. Ma méditation a d’ailleurs été plus efficace par la suite, car lorsqu’on doute, on embrouille notre esprit.

Au fur et à mesure que les jours avancent, je me sens plus légère, je sens que vraiment je suis arrivée à me libérer de certaines aversions et désirs. Mais rien n’égale le sentiment incroyable d’amour que l’on ressent à la dernière journée, lorsqu’on apprend une autre méthode de méditation, qu’on appelle «Metta». Contrairement à ce que l’on travaille depuis le début, les sensations sur notre propre corps, tout tourné vers nous-mêmes, voilà qu’on laisse sortir les vibrations, qu’on les laisse rayonner partout, le plus loin possible. Le but? Partager l’amour, la compassion, la paix, l’harmonie, le dhamma (le chemin pour se libérer des souffrances) que l’on a en nous. La première fois que j’en ai fait l’expérience, j’ai ressenti un amour d’une intensité incroyable. Nous étions près de 80 méditants à le faire en même, dans la même pièce et l’énergie qui s’en dégageait était forte et belle. J’ai ressenti un sentiment d’amour intense, merveilleux. C’était comme d’être amoureuse, mais purement amoureuse, sans désirer «posséder» quelqu’un, sans vouloir être avec l’autre, juste être amoureuse. Et, être amoureuse ainsi, de tous les humains de la terre en même temps. C’est beaucoup d’amour ça! Et cette technique sert à partager cet amour. Je vous laisse imaginer les sourires de tous en sortant de cette pièce. Et, en plus, renforcé par le fait qu’à partir de ce moment là, on peut commencer à parler ensemble, pour la première fois depuis 10 jours.

Maintenant, chacune de mes périodes de méditation à la maison doivent se terminer par quelques minutes de «metta». Je n’arrive pas à ressentir un sentiment aussi fort qu’à ce moment là, mais cela est facilement explicable: je suis seule et ne reçoit donc pas le «metta» des autres, et le niveau de méditation que j’atteins en une heure, chez moi, est loin d’être aussi profond que celui que j’ai pu atteindre des les conditions idéales du centre de méditation.

Actuellement, je suis rentrée chez moi, à Luang Prabang, et je dois poursuivre cette pratique pour conserver et augmenter les bénéfices. C’est beaucoup plus difficile. Ça demande une grande détermination et je n’ai personne autour de moi pour m’encourager à le faire. C’est comme l’entraînement physique, c’est beaucoup plus facile de se motiver quand on est deux! Mais les bénéfices sont assez importants et concrets pour que je mette les efforts nécessaires pour poursuivre. Déjà, la journée de ma sortie, j’ai eu encore cette sensation d’anxiété qui m’a prise. Probablement par la quantité de stimuli qui m’entouraient dans la ville de Chiang Mai, énorme contraste avec le calme du centre. Puis, j’ai vu que j’avais 80 nouveaux messages dans ma boîte courriel, sans compter facebook, et tranquillement, le stress a fait surface, sans vraiment qu’il n’y ait d’agent réellement stressant (en soi, avec beaucoup de message n‘est pas tellement stressant...!)! Puis, j’ai tenté consciemment d’y faire face, de rester équanime, de me rappeler que c’est impermanent. De décortiquer les sensations en différentes parties, tout en continuant de marcher, de manger, de regarder mes courriels. Et, rien n’est magique, le sentiment de stress n’est pas disparu en 30 minutes! Mais, au bout de quelques heures, je m’en étais complètement débarrassée. Tranquillement, il a diminué jusqu’à disparaitre. Et cela s’est fait dans un délai plus court qu’à l’habitude. Avec la pratique, le délai sera encore et encore plus court. Mais déjà, ça, c’est un bénéfice concret et très pertinent pour moi. Quelqu’un d’autre expérimentera quelque chose de totalement différent, comme cet autre méditant qui doit faire face à des sentiments (ou sensations) de haine. Il arrive à s’en débarrasser plus rapidement.

Je sais pertinemment que cela m’aidera dans d’autres contextes. Par exemple, j’ai cette tendance à me sentir très affectée par l’attitude négative des gens envers moi, même si, dans ma tête je sais que cette personne agit ainsi pour telle ou telle raison qui est étrangère à moi. Mais j’ai ce sentiment d’injustice qui monte et m’afflige, «Je ne mérite pas de me faire traiter ainsi». Je suis en train d’apprendre à observer les sensations que ces situations me font vivre et à y réagir objectivement, à ne pas me sentir affligée, choquée, triste ou en colère par rapport à cela, ou alors, de moins en moins longtemps. Et plutôt, à avoir de la compassion pour ces gens qui souffrent de leur propre négativité. Car si on est négatif ou en colère, on se fait nous-mêmes souffrir d’abord d’être dans cet état, et ensuite on en fait souffrir ceux qui nous entourent. À moins que ces derniers décident de ne pas recevoir ce cadeau d’insulte ou de négativité. Néanmoins, c’est ce qui fait du sens pour moi, c’est ce que je vois actuellement comme bénéfice, car c’est ce que j’ai à travailler sur moi-même, et je le savais bien avant de faire de la méditation. Maintenant, j’ai un outil pour y arriver. Et, ne pas réagir à mes sensations ne veut pas dire de ne pas réagir à l’insulte ou la remarque désobligeante. Non, seulement, la façon dont j’y répondrai (même si c’est en criant) sera dénuée d’un sentiment négatif. Je réagirai à la situation de la meilleure façon que ce soit par des gestes, des paroles, des actions (ce qui pour ma part correspond assez rarement à des cris, mais cela est possible), mais en étant libérée de sentiments négatifs. Je cesserai donc de multiplier ces sensations d’aversions qui restent ancrées quelque part en moi...

Tout au long de mes apprentissages et expériences, j’ai pu faire beaucoup de lien avec les connaissances scientifiques, médicales, philosophiques et psychologiques que j’ai. Plusieurs avenues sont actuellement sous la loupe de chercheurs pour étudier les bénéfices d’une telle méthode de méditation sur les criminels (meurtriers, violents, déviants sexuels, ...), les maladies psychosomatiques, la dépression, etc. Les bénéfices peuvent donc être multiples. En fait, tout cela vise à améliorer la qualité de vie des gens; des méditants et de leur entourage.

Alors maintenant, j’en suis à m’ajuster pour pouvoir pratiquer quotidiennement la méditation tout en conservant ma vie sociale, professionnelle, personnelle bien active. On ne peut pas méditer si on a pris de l’alcool, il est donc hors de question de méditer en rentrant le soir, après avoir pris, même un verre, avec des amis. Et, je ne me sens pas prête à mettre complètement de côté ce plaisir, ce geste social. Puis, il y a la question d’être végétarien. Pour respecter «silah», il faut suivre le précepte de ne pas tuer d’être vivant (ou de contribuer à), il va donc de soi de devenir végétarien. Mais je ne suis pas prête à cela non plus. Je n’ai pas eu d’expérience me permettant de voir que la réincarnation a réellement lieu et qu’elle se fait avec les animaux et les insectes. Par ailleurs, je ne sens actuellement pas la différence de mon alimentation sur ma méditation (sauf si j’ai très faim ou beaucoup trop mangé). Je suis donc prête oui à faire certains sacrifices pour poursuivre la pratique de la méditation, à penser à mes sensations régulièrement, à changer ma perceptions de certaines choses, à réagir avec équanimité le plus souvent possible et tout cela en accord avec ce que j‘ai expérimenté. Mais, je ne suis pas prête à cesser l’alcool, ni à cesser de manger de la viande, car je n’ai pas, moi-même, expérimenté que cela avait un impact sur ma pratique ou ses bénéfices. Puis, il s’agit d’avoir une bonne auto-discipline et un certain sens de l’organisation pour que les périodes de méditations ne nuisent pas à ma vie sociale et vice versa. Donc, il ne s’agit pas de devenir une illuminée qui ne vit que pour les sensations intenses vécues pendant la méditation, mais simplement d’utiliser la méditation comme outil pour améliorer ma vie au quotidien, éviter de m’infliger moi-même des souffrances, par la colère ou la déception par exemple, d’améliorer mes relations avec autrui, d’augmenter mon efficacité au travail en même temps que mes capacités d’attentions, etc. Et tout cela sera un travail de longue haleine! On nous dit que si pendant la première année on arrive à tenir bon et méditer tous les jours comme prescrit, alors ce sera bien intégré pour toujours... Mais la détermination doit être grande pendant cette période! Je serai fière de moi si j’y arrive!

Pour les curieux, les intéressés; www.dhamma.org



jeudi 17 mars 2011

Moi.

Moi. Le chemin le plus tordu.

Hier, j'ai lu le blog de Manue, une fille de Bonaventure. Elle est actuellement au Burkina Faso. Je lis et ça me donne le goût d'écrire plus dans le mien. Parce que c'est intéressant, parce que c'est beau, parce que ça donne le goût de partager.
Et en lisant, je suis frappée de voir à quel point certaines réalités que nous vivons se ressemblent...

Le riz à profusion...
le Nestcafé et les Pringles, comme seule présence occidentale de nourriture dans les villages éloignés....
le beurre de peanuts inexistant... mais faisable avec les arachides qui poussent dans ces pays,
les coqs, à toutes heures de la nuit (fausse croyance qu'ils ne chantent qu'à l'aube...!),
la musique du voisin à 6h le matin,
la poussière dans les rues, dans les maisons, partout,
les odeurs, les marchés, les épices,
les enfants, leur curiosité,
les animaux dans les rues, dans les maisons,
les chiens, les chats, les poules, les cochons, les vaches à travers les jeux des enfants,
la notion du temps, des distances,
les relations, le toucher entre les gens,
la religion, l'amour,
les fêtes, la bière locale, l'alcool de riz,
la marchandage et les négociations,
le lit de princesse contre les moustiques,
les mots d'amitiés des amis du Québec qui nous attendent...
nos amours, nos vies qui sont au Québec, malgré tout ce qu'on peut vivre de merveilleux ailleurs...
les sens en éveil, en tout temps!

Et au cours de ma lecture, je suis tombée sur un conseil de Manue qui m'a parlé:

«Prenez le chemin le plus tordu puisqu'il vous permettra de sortir de votre zone de confort et de faire de vous des vieilles branches plus solides sous le poid de la neige ! ;)» Manue Babin

Je me suis dit que de prendre le chemin le plus tordu, c'était bien mon genre! Quitter, souvent, mon nid douillet, Gaspésien, puis Québécois, pour vivre autre chose. Partir toujours plus loin, toujours plus longtemps. Partir seule parce que c'est un plus grand défi. Choisir une carrière qui demande de longues études. Me lancer dans un emploi où tout est à faire. M'éloigner souvent de mes amis, qui me sont pourtant si chers, pour me pousser encore plus loin. Me lancer toutes sortes de défis personnels... juste pour voir si j'y arrive! Comme tout dernièrement. Je viens de passer un mois sans alcool avec succès! Tolérance zéro! Ceux qui me connaissent bien se diront certainement que c'est facile à faire pour moi, qui n'est pas une très grande buveuse de nature. Mais le réel objectif est de ne pas succomber à la pression des autres « Allez, juste un petit verre!», « C'est ma fête, t'as pas le choix!», « J'te l'offre, tu peux pas refuser!». C'est hallucinant de voir comme les occasions de boire sont fréquentes. Toutes les raisons sont bonnes. Et de voir comme les autres ne comprennent pas que je puisse faire «ça». Combien de fois j'ai entendu «Moi je pourrais pas». Bon, ça me fait du bien de voir que je n'ai pas cette dépendance, ni par rapport à l'alcool, ni par rapport au geste social de boire. Je m'amuse et profite pleinement de mes soirées sans cela, et je profite d'autant plus de mes lendemains. Et j'ai réalisé à travers cela que «virer une brosse» comme on le dit en bon québécois, ne m'a nullement manqué. Mais prendre un bon verre de vin pour accompagner un bon repas m'a beaucoup plus manqué. Et je trouve donc agréable, ayant recommencer à boire modérément, de garder ce geste comme un petit plaisir, une gâterie. Je l'apprécie d'autant plus.

Sur ma lancée de chemin tortueux, je vais bientôt vivre une expérience qui n'augure rien de facile. Je viens d'être acceptée à une retraite de méditation de 10 jours à Lampoon, Thailande. Pour me sortir d'un petit confort quotidien, c'est un bon plan! Interdiction de communiquer entre les participants et avec le monde extérieur à la retraite, renoncer au confort matériel, suivre le rythme de vie des moines et passer des heures et des heures à méditer, voilà ce qui m'attend.... et ce que j'attends depuis longtemps. Depuis mon premier passage en Asie que j'y pense, et c'est maintenant que tout se place pour que je réalise cette expérience.

Et comme de raison, cela arrive au moment où j'ai une routine agréable, facile, à Luang Prabang... comme quoi, je fuis les chemins trop droits et sans défi!!

jeudi 10 mars 2011

Moi.

Moi. Descendre un peu plus bas, pour mieux remonter.
Six mois que je suis à Luang Prabang déjà, six mois que je vis à Luang Prabang. Depuis deux mois maintenant j'ai dépassé la durée maximale à l'étranger que j'avais atteint auparavant. Depuis un bon moment déjà, je ne me sens plus en voyage, j'ai vraiment l'impression de vivre ici. J'ai mon chez-moi, mon travail, mes amis, ma routine. Bien qu'elle soit à milles lieux de ma routine québécoise, j'ai bien une routine ici. Je continue d'être pleinement satisfaite d'avoir choisi de rester ici plus longtemps et je ne m'ennuie pas trop du Québec puisque j'ai encore un fort sentiment que ma place est ici pour le moment. Toutefois, qui dit routine, dit aussi réalité quotidienne avec ses hauts et ses bas. J'ai dernièrement eu une période en basse altitude!

Ici, je fais des rencontres à la tonnes! Assez pour en oublier le nom de certains. Il y a les expats, leurs amis de passage, les touristes, les voyageurs, ceux qui sont là pour 2 jours et ceux qui sont là pour 2 mois. Avec tout ça, les nouvelles rencontres s'accumulent... et les «au revoir» aussi. En vivant ici longtemps, on fini par éviter ceux qui ne sont là que pour quelques jours. On se fatigue vite des conversations de nouvelles rencontres « tu viens d'où? tu voyages pour longtemps? ...». On se prive ainsi certainement de quelques belles rencontres, mais au-delà de cela, on s'évite certainement une tonne et demi de conversations superficielles qui ne mèneraient à rien de plus profond. Mais, je réalise aussi que même au sein des expats, les relations et conversations restent, avec une majorité des gens, superficielles. On me dira qu'au Québec, c'est pareil, avec beaucoup de gens que l'on côtoie régulièrement, mais la différence, pour moi, est qu'au Québec, j'ai déjà un réseau social tissé serré et non pas seulement des connaissances. Ici, l'isolement social des expats par rapport au Laos (principalement par le mode de vie, les différences culturelles) et par rapport au reste du monde occidental, fait en sorte que la communauté est restreinte et plutôt fermée. Les mêmes gens se voient et revoient à longueur de semaines et de mois, parsemés ici et là de nouvelles arrivées et de départs, et une toile sociale se tisse, les fils se croisent et s'entrecroisent sans fin, mais restent à l'intérieur d'un périmètre restreint. Le monde extérieur à la toile est un monde étranger et menaçant pour l'équilibre interne, alors on n'y parle de son nombril et de celui des autres. Et pour varier et aller combler quelques manques, ont y boit énormément et on s'évade avec un petit joint. Souvent, je me sens comme un insecte d'une autre catégorie... un moustique, peut-être, qui peut voler d'une toile à l'autre, et s'y poser de temps en temps, mais qui, par chance, ne s'est pas encore entremêlé à travers les fils. En même temps, autant je ne désire pas m'y coller et rester pris, puisque ce monde ne me ressemble pas, autant, je ne peux m'en passer, car j'ai aussi besoin de socialiser... Ce sont ces constats qui m'ont donné la mine basse dernièrement... Mais heureusement, de belles personnes sont entrées dans ma vie et hop, la pente est remontée et le sourire est de retour!

J'ai eu le chance de voir passer pour quelques jours une Cayenne, une vraie de vraie! Ouf! Quel bonheur que de partager avec une fille qui a non seulement les mêmes origines, mais aussi les mêmes référents, les mêmes expressions, le même accent coloré et qui en plus partage une partie de mon réseau social Gaspésien et qui évolue dans un domaine professionnel fort relié au mien. La connexion est instantanée! La «parlotte nous va» comme dirait l'autre! On fait le plein, et le vide, et le re-plein, ça fait du bien! Comprendre l'autre et être comprise... me change bien du sentiment d'être étrangère parmi les étrangers, dans un pays étranger! Merci à toi!

J'ai aussi, et c'est un peu comme si je l'avais oublié lorsque je broyais du noir, de bonnes amies ici qui m'apportent beaucoup. Plus je les découvre, plus je les apprécie, et plus elles me surprennent aussi! Et c'est bon de ne pas se sentir seul dans le bateau, et de pouvoir s'exprimer librement!

Et, en plus, j'ai mes amis Laos. Ces amis, rafraîchissants, amusants, simples! Pas de tracas, pas d'horaire, que des hasards, des bons moments, des surprises, et des sourires. Quoi de mieux, quand ça va un peu moins bien, que de croiser par hasard au coin de la rue, un ami, qui te dit: «je cuisine ce soir pour des copains, joins-toi à nous», dans un mélange d'anglais et de laotien.

- À quelle heure?

- Maintenant!

- D'accord!

Et de se retrouver avec des amis et des inconnus, des Laos et des étrangers, de la bonne bouffe (un peu trop épicée, comme d'habitude), un verre de vin, des guitares, des bonnes blagues en français, en laotien et en anglais... c'est un peu comme un petite dose de bonheur qui te tombe dessus par hasard!


mercredi 9 mars 2011

Sourire!


Sourire, histoire de chasse!!
Pour me pratiquer, avant d'aller chasser avec papa... voici ma prise au «gun à pression»!

mardi 22 février 2011


Destination, Festival de l'éléphant, Paklay.
La fin de semaine dernière, j'ai participé au Festival de l'éléphant, organisé par ElefantAsia. Une cinquantaine d'éléphants étaient rassemblés pour l'occasion. Une parade le matin avec les éléphants dans leurs plus beaux atours et quelques chars allégoriques et personnages fabriqués par les laotiens de la région, des démonstrations de force par les éléphants (tirer d'énormes troncs d'arbres), le bain des éléphants dans la rivière et l'élection de l'éléphant de l'année étaient les principales activités de la fin de semaine. Tout cela se faisait dans une ambiance de festival typiquement laotien: marché thaïlandais (vêtements, bijoux, chaussures, jouets et toutes autres «bébelles» auxquelles vous pouvez penser); échoppes de nourriture un peu partout; Beer Lao à profusion; jeux d'adresses (fléchettes, fusil à pression, etc) et de hasard; musique au moins 100 fois trop forte dans les stands des commanditaires qui veulent ainsi attirer l'attention sur eux (au détriment du spectacle qui a lieu sur le même terrain); feux d'artifices, et beaucoup de monde!

Le festival, organisé par ÉléfantAsia s'est très bien déroulé. Cette association à but non lucratif oeuvre au Laos pour la sauvegarde de l'éléphant d'Asie. Le Laos était autrefois surnommé «le pays du million d'éléphants», ce qui est loin d'être toujours le cas, ne comptant maintenant qu'environ 1000 éléphants sauvages et 500 domestiques. Cette espèce est donc à risque de disparaître du Laos, et de l'Asie du Sud-Est. (Pour en savoir plus: http://www.elefantasia.org). ElefantAsia, parmi ses projets, a créé une unité vétérinaire mobile pour les éléphants de partout au Laos. Ils offrent aussi des formations de premiers soins aux cornacs accompagné
d'une trousse appropriée. Par le festival annuel, ElefantAsia souhaite, outre de sensibiliser le public à l'extinction de l'espèce, redorer le métier de cornac. Par ce que j'ai pu en connaître jusqu'à maintenant, cette association me semble être un bel exemple de vision à long terme dans l'intérêt de la communauté locale. Chapeau!

ElefantAsia étant géré principalement par des étrangers, ce sont donc des français qui ont coordonné l'organisation du festival. Ils espèrent bien que le festival puisse être repris par les cornacs eux-mêmes avec l'aide des districts de la région de Sayaboury, où se tient le festival chaque année. Toutefois, comme cela arrive souvent, le transfert ne se fait pas si facilement. ElefantAsia voudrait bien, en un premier temps n'organiser que le festival lui-même, et laisser la gestion de la sécurité, de l'hébergement et autres aspects pratiques au district qui reçoit le festival, mais dans le concret, ça ne se réalise pas encore. Ceux qui ont déjà participé à la mise en place d'un projet ou d'un évènement récurrent dans un pays en voie de développement ont pour la plupart déjà vécu cela... Sans l'appuie des districts, les cornacs ne parviendraient pas à organiser le festival. Ce sera donc, selon moi, un travail de longue haleine! J'ai entendu qu'il y avait une étrangère en poste dans cette région du Laos et qui aurait, entre autres, comme mandat de former les administrateurs pour qu'ils puissent efficacement prendre en charge ce type d'évènement. Ce pourrait être une bonne aide, si cela est bien fait!
Ce qui m'a le plus marqué durant ce week-end est le lien entre les cornacs et leur éléphants. Les cornacs sont à la fois le maître, le guide et le soigneur de leur éléphant. Les cornacs le deviennent de génération en génération. On sait qu'au Laos, les éléphants sont domestiqués depuis environ 4000 ans, cela fait donc plusieurs générations de tradition orale sur le métier de cornac. Souvent, un cornac sera le cornac d'un seul éléphant dans sa vie, et il le connaîtra enfant. Ils apprendront à se connaître pendant plusieurs années et il fera lui-même l'entraînement de son éléphant, guidé par des cornacs plus expérimentés. L'éléphant a une durée et un rythme de vie et de croissance très semblable à celui de l'humain, ce qui semble augmenter le lien d'attachement entre l'homme et l'animal. Loin de moi l'idée de vous donner un cours sur les cornacs, mais je voulais vous en parler un peu car j'ai réellement été impressionnée par eux. Les yeux de fierté qu'avait les cornacs, juchés sur le cou de leurs énormes compagnons. La connexion entre eux et leurs éléphants. Les attentions et la compréhension de
chaque signaux pour répondre à leurs besoins. D'autant plus que les éléphants peuvent comprendre 40-50 mots; les cornacs peuvent donc vraiment «parler» à leur animal. Je trouvais que le lien entre les cornacs et leurs éléphants était si fort, qu'il était visible, presque tangible! C'était très beau à voir!

lundi 21 février 2011

Sourire



Sourire. Les Cambodgiens en pyjama!
Quelle ne fût pas notre surprise de découvrir que plusieurs Khmers portent des pyjamas comme vêtement de jour, en toutes circonstances et à tous âges!

mercredi 9 février 2011

Destination


Destination, l'autre bord du Mékong!
J'arrive tout juste d'une belle et longue journée à vélo dans les routes poussiéreuses de l'autre rive du Mékong. C'est un ami, employé du Dyen Sabai, qui vient d'un tout petit village de ce côté qui m'a servie de guide tout au long de cette randonnée. D'abord, il faut savoir que Kamxay, mon ami-guide, est un lao qui parle très bien anglais et qui a une belle curiosité. Il s'intéresse aux autres cultures et souhaite partager la sienne. D'emblée, ça annonce une belle journée!

La route est magnifique; petit chemin de terre au creux des montagnes très peu fréquenté. Nous croisons quelques mobylettes et quelques tak-tak (sorte de tracteur) et c'est tout. Nous traversons quelques villages et nous arrêtons pour manger dans l'un d'eux. Les enfants curieux passent devant nous pour voir la «falang». Après le traditionnel repas de riz gluant et de gloire du matin et cressons cuits dans l'ail et la sauce soya, nous continuant notre route dans la chaleur et la poussière. Mon guide,
qui travaille maintenant dans un restaurant et fait peu de vélo, trouve que je vais trop vite et me fait ralentir souvent. Nous atteignons un autre village et nous nous posons pour près d'une heure sur la galerie de l'école primaire. C'est là que je prends conscience de plusieurs choses choquantes...
D'abord, à notre arrivée les enfants sont en récréation; ils viennent d'arriver à l'école. Le matin c'était les plus vieux qui avaient cours. Pendant près d'une heure, ils viennent nous parler, prendre des photos avec nous et nous les regardons jouer avec tout et rien; se rouler dans l'herbe, chanter des chansons, faire des jeux de mains, courir, grimper dans les arbres...

L'enseignante fini par sonner la cloche; la cloche est en fait une jante de roue de moto sur laquelle on cogne avec un morceau de bois dur. Les enfants se mettent en rang: 4 lignes, garçons et filles séparés, en ordre de grandeur du plus petit
au plus grand. Ils doivent avoir entre 3 et 9 ans. L'enseignante parvient presque à obtenir le silence. Tous entrent en classe et une fois assis,
chantent une chanson nationale à propos de l'école. L'enseignante leur donne ensuite le choix entre le cours de Lao ou le cours de mathématiques. Ils choisissent le cours de Lao.
Elle va donc chercher, lentement, très lentement, le manuel du cours dans l'armoire sous clé au fond de la classe. Les quelques élèves qui possèdent le manuel le sortent aussi, ils sont moins du quart de la classe. Pendant tout ce temps, et pour le reste du cours, les enfants parlent à voix haute, se lèvent, entrent et sortent de la classe à leur guise.
L'enseignante commence enfin son cours, une bonne quinzaine de minutes après l'entrée en classe. Le mode d'apprentissage me parait assez archaïque: l'enseignante lit à haute voix une phrase que les élèves (ou du moins la plupart d'entre eux) répètent à voix haute, et ainsi se suivent les phrases. Sachant que seulement quelques-uns d'entre eux possèdent le manuel, je doute fort de la capacité des enfants à apprendre ainsi à lire... Après quelques minutes seulement d'enseignement, une vieille dame entre dans la classe un bébé en pleurs dans les bras et le donne à l'enseignante qui sort avec son bébé, peut-être pour l'allaiter.

Nous quittons alors l'école une quinzaine de minutes pour aller chercher des bouteilles d'eau au village. À notre retour, les enfants sont en train de quitter l'école pour rentrer chez eux et l'enseignante prend soin de son bébé. Si on fait les comptes, les enfants ont bénéficié de très peu de temps d'enseignement (et de quelle qualité) dans leur journée....

Ouf! Je réalise la pauvreté de ces gens, la pauvreté de leur éducation.... et tout ça, à une vingtaines de kilomètres de Luang Prabang, où, malgré leur piètre qualité, on retrouve tout de même des collèges et une université... Ça éveille en moi un fort sentiment de volonté à faire quelque chose pour eux... et une grande impuissance face à la situation. Donner du matériel serait une option, mais sans un enseignant compétent à quoi cela servirait-il? Alors que faire? Maîtriser parfaitement le laosien et devenir enseignante?



Nous reprenons la route, en direction du village de Kamxay. Je ne suis pas au bout de mes chocs culturels pour aujourd'hui encore! Le village de Kamxay, comme il me l'avait dit, est très très petit. Une vingtaine de maison, tout au plus. Les gens y vivent principalement, si ce n'est exclusivement, de la culture du riz. Il n'y a pas d'école au village, ce qui en fait est peut-être un bon point pour eux, car ils doivent aller dans un village plus gros, qui a des chances d'offrir une meilleure éducation que ce qu'ils auraient. La pauvreté apparente du village, dans son contexte environnemental magnifique soit dit en passant, est certes impressionnante, mais je m'y attendais et n'en suit donc pas choquée. Non, en fait, le choc que j'ai, est de voir le choc des cultures entre Kamxay et sa famille.

Kamxay étudie l'anglais à Luang Prabang depuis environ un an et 2 mois. Pendant un an, il faisait la route (une dizaine de minutes à vélo) de son village au ferry qui lui permet de traverser le Mékong pour arriver à Luang Prabang, tous les jours pour aller à l'école. Pendant cette période, il continuait de travailler dans des champs de riz avec sa famille et à cueillir toutes sortes de choses dans la forêt pour les vendre en ville. Depuis deux mois, il vit à Luang Prabang, louant une
chambre dans un dortoir, poursuivant ses études d'anglais avec brio et travaillant au restaurant 6 jours par semaines. Il reçoit aussi de l'argent de quelques sponsors pour payer ses études. Chaque semaine, il vient voir ses parents qui se font vieux (son père approche les 70 ans et ne peut plus travailler) et leur apporte de l'argent pour qu'ils puissent survivre. Il a bien deux soeurs, mais l'une, qui vit dans le même village, a déjà 5 enfants et ne peux donc pas soutenir financièrement ses parents, et l'autre, plus jeune, qui vit à Luang Prabang, ne fait pas suffisamment d'argent pour les aider.

Nous arrivons donc chez ses parents, qui tuent un poulet pour l'occasion, sachant que leur fils
apprécie beaucoup cela. Pendant que le beau-frère de Kamxay cuisine une excellente soupe avec le poulet fraîchement tué, Kamxay sort son diplôme de sa première année d'anglais réussie ainsi qu'un article avec sa photo, servant à trouver de nouveaux sponsors pour les étudiants. Il est clairement fier de sa note «A- Excellent». Il souhaite remettre les papiers plastifiés à ses parents, car il a peur de les perdre au dortoir. C'est alors que que je réalise, en voyant son père avec le diplôme à l'envers dans ses mains, qu'ils n'y comprennent rien personne... Ils ne savent pas lire anglais, et même si Kamxay leur explique de quoi il s'agit, tout ça est tellement loin de leur propre réalité, que ça reste très abstrait pour eux. Il se sent de toute évidence incompris par eux, et m'explique que chaque fois qu'il a voulu discuter d'un sujet de ce type avec un membre de sa famille, on a rapidement changé de sujet pour lui raconter les «potins» du village. Il m'assure que ses parents sont fiers de lui, malgré tout. Il m'explique aussi que c'est une évidence pour tout le monde que si ses parents avaient possédé une terre à eux pour cultiver le riz, il ne serait jamais allé à Luang Prabang apprendre l'anglais et chercher du travail. Mais maintenant, il est clair qu'un grand fossé, bien creusé par l'incompréhension, le sépare de sa famille, comme s'il venait d'un autre monde...

Maintenant, Kamxay tente de se projeter dans l'avenir. Il s'ouvre sur le monde et souhaite découvrir d'autres cultures. Il rêve de pouvoir aller faire des études universitaires dans un autre pays, de préférence occidental, mais ne voit pas comment cela pourrait être possible. Il est conscient que le niveau d'éducation serait meilleur que dans son propre pays, où le régime communisme ne souhaite pas avoir une population trop éduquée qui serait en mesure de faire changer les choses... Et il souhaiterait, après ses études se trouver une emploi bien payant, même si, comme il le dit si bien, l'argent de rend pas heureux. Et on le croit lorsque cela vient du garçon le plus souriant du coin!

Après un bon repas, nous quittons son village pour traverser un champ de riz, sous la lumière de fin de journée, et atteindre le Mékong juste à temps pour voir le coucher de soleil descendre en aval de la rivière, derrière les montagnes. C'est beau le Laos, c'est tellement beau!!!


dimanche 30 janvier 2011

Sourire

Sourire. Koh Tonsay.
Je suis sur une île paradisiaque depuis déjà 3 jours. L'île, au sud du cambodge, est toute petite. Une belle randonnée permet d'en faire le tour en moins de deux heures. Il y a environ une vingtaine de familles Khmer qui y vivent. La plage principale, sur laquelle est mon petit bungalow de bambous, rassemble 7 ou 8 familles qui toutes ont quelques bungalow à louer et un restaurant offrant de succulents et frais fruits de mer et poissons. La plage ensablée fait environ 1 km de long et est parsemée de plate-formes en bambous, couvertes ou non, et de chaises longues en bois. L'eau est à une température parfaite, rafraichissante sans être froide. Il n'y a pas grand chose à voir en snorkeling, mais l'endroit est parfait pour nager et faire des longueurs de plage.
Donc, j'y suis depuis quelques jours, à profiter du soleil, à marcher, à lire et nager. Je profite pleinement des fruits de mer frais, d'autant plus qu'ils sont inexistants à Luang Prabang. Après avoir goûté les crevettes, le crabe et les calmars, je m'apprète à essayer le fameux poisson. Je le choisi grillé avec la sauce poivre de Kampot et lime, spécialité du coin. Je reçois ce poisson après une éternité - il ne faut pas être pressé sur cette île, mais il n'y a de toute façon aucune raison d'y être pressé. Je prends une première bouchée, c'est délicieux. Je mastique lentement, sors une arrête de ma bouche et avale le reste... Et c'est là que ma péripétie commence! Je me lève soudainement en toussant et tentant de cracher. J'ai une arrête de coincée dans la gorge. Elle est bien profonde dans ma bouche et me lève le coeur, mais elle n'obstrue pas du tout ma respiration. Je la sens avec le derrière de ma langue et j'ai l'impression qu'elle est plantée dans ma langue. J'essaie de l'atteindre avec un doigt, en vain. Je me racle la gorge, je tousse, je bois de l'eau... tout ce que j'arrive à faire, c'est d'avoir des haut-le-coeur. Mes amis, rencontrés sur l'île, veulent m'aider, mais ne savent pas trop quoi faire. Tim prend un lampe de poche et tente de voir l'arrête, en vain. Je m'empare de la lampe de poche et me poste devant un miroir dans le restaurant. Je parviens furtivement à voir l'arrête, minuscule, plantée dans mon amygdale! Me voyant me battre contre cette ennemie, la femme qui tient le restaurant entreprend de m'aider, en me faisant des massages au niveau du cou. Je sens que ça fait bouger l'arrête, mais ne la déloge pas. Elle me fait avaler tout rond des boules de riz blanc espérant que l'arrête s'y colle, en vain.

Je retourne à table, m'excusant de mettre mes doigts dans ma bouche. Évidemment, tout le monde comprend. Je suis devenue l'attraction de la soirée, c'est dire comme c'est tranquille sur l'île. On me dit même qu'on ne veut pas aller se coucher avant de voir comment j'arriverai à me sortir de cette situation désagréable. Le serveur du restaurant part à la recherche de quelqu'un sur l'île qui pourrait m'aider. On fait venir un homme trapu, d'une quarantaine d'années. Sur le coup, j'ai peur et je questionne le serveur sur ce que cet homme veut tenter sur moi. Il s'exécute; en fait il a sa propre technique de «massage» au niveau du cou, qui en fait est assez agressive. Il me donne des coups avec le côté de la main, très fort et de façon répétitive; tout en disant des espèces d'incantations tout bas, auxquelles je ne comprends évidemment rien du tout. Il refait trois fois la même chose, me demandant ensuite si ça a fonctionné. Ensuite c'est tout. Ça a aidé, mais l'arrête est encore là. J'ai l'impression qu'elle s'est cassée et qu'il ne reste qu'une petite tête d'arrête coincée dans mon amygdale, qui ne dérange plus ma langue. La dame du restaurant revient vers moi, elle m'installe une grosse arrête dans les cheveux et me dit qu'en allant dormir, je dois la lancer très loin. J'imagine que c'est le même bon vieux principe que de frotter des vérues sur une demi patate et de lancer la patate au bout de ses bras... Je retourne à table, toujours les doigts dans la bouche. Après maintes et maintes tentatives, j'arrive, je ne sais trop comment, à déloger ce qui reste de prit. J'ai besoin de quelques vérifications avant de bien réaliser que j'y suis enfin parvenue. J'en avertie l'assemblée qui applaudissent enthousiastes. Je me sens libérée! C'est fou une si petite chose peut nous pourrir la vie, quelques heures durant!
Évidemment, le sourire vient après tout ça!

Sourire!

Sourire. Les transports au Laos!
Josiane et moi avons fait l'expérience d'un autobus-couchette (sleepy-bus) typiquement Laos. Quelle ne fût pas notre surprise, en grimpant dans l'autobus de voir les couvertures arborants fièrement les 101 dalmatiens dans chaque lit. Nous avançons sourire aux lèvres jusqu'à notre «lit» dans lequel nous attend joyeusement un monsieur Lao... qui fait signe à Josiane de grimper avec lui. Le lit en question est plus petit qu'un lit simple, vous comprenez donc bien la réaction négative de Josiane, essayant de lui montrer le «ticket» avec nos deux numéros correspondant à ce lit. Heureusement, la responsable du bus fait déguerpir le monsieur et question et nous nous installons pour quelques minutes de fou rire... jusqu'à ce qu'on prenne chacune une gravol et tombant «paf» pour la nuit! Il nous reste toutefois quelques minutes d'éveil, assez pour assister à quelques chansons dramatiques thailandaises version karaoke!















Quelques jours plus tard, nous prenons un billet pour un bus vers les 4000 îles, au sud du Laos. Le bus en question est un tuk-tuk jumbo et à bord.... 22 Laos, 7 falangs, une tonne de bagage, une bicyclette, des poussins, une poule et... une souris verte! Pour 3h qui en deviennt 4h30 ;)

Les Laos n'ont décidemmet pas une bulle personnelle aussi grande que la notre. Il est normal que notre voisine nous tienne la cuisse ou dorme sur notre épaule. Rassurez-vous, les contacts physiques entre différents sexes en public sont mal vus, un voisin d'autobus ne pourrait donc pas en faire autant!

mardi 18 janvier 2011

Moi.

Moi. Moi qui voyage! Moi seule à nouveau. Je viens de passer 4 semaines mémorables avec une amie merveilleuse. Il y a quelques heures, elle est embarquée dans taxi en direction de Bangkok, avant la fin de la semaine, elle sera de retour au Québec. Et hop! Moi je suis à Siem Reap, sans elle. Retour à mon rythme de vie personnel, ce qui ne sera pas un changement drastique car nos modes de voyage respectifs sont très compatibles! Tout de même, je ressens un petit pincement au coeur, un petit vide de la laisser partir. Ce fut absolument génial d'avoir quelqu'un avec qui partager les endroits magnifiques que j'ai visités, de parler ma langue -avec mon accent- et toutes mes expressions colorées et d'être comprise du premier coup. D'avoir des discussions sur tous les sujets possibles avec un point de vue sembable culturellement. Pas que ce soit désagréable de discuter des mêmes sujets avec d'autres cultures, au contraire c'est très enrichissant, mais ça fait quand même du bien de sentir cette connexion culturelle. Merci en tout cas mon amie, merci, ta présence a été un cadeau pour débuter cette nouvelle année!



Après un Noel un peu décevant, ne ressemblant nullement à un Noel pour moi et loin de la famille et des amis, à des lieux d'une ambiance blanche, l'arrivée de mon amie a marqué le passage vers l'année 2011 avec force! Apportant avec elle messages de la famille, petits cadeaux, bonne humeur constante et des tonnes de fou rire, ça a permis de défoncer l'année à merveille. Scéances de revalorisation quotidienne entre nous, petites gâteries par-ci, par-là, passant d'un massage à l'huile à un verre de vin sur le bord du Mékong, j'ai fait le plein de belle énergie!

Je vais poursuivre mon petit voyage cambodgien pour encore quelques jours avant d'entamer la longue route de retour vers Luang Prabang. J'aurai de longues heures, pénibles pour mon fessier, pour réfléchir à toutes ces bonnes résolutions de nouvelle année que je me suis données, qui au fond n'ont rien d'exceptionnels... Simplement la continuité de ce que j'ai déjà entamé au début de ce périple, mais avec une chance de tout reprendre dans le bon sens et de me redonner un petit tremplin pour aller plus loin! Et hop!

Maintenant, je suis prête à me lancer dans un retour en force à Luang prabang (bon rythme de vie, sain, bonnes résolutions, projets en tête, équilibre, etc.) tout mettre en place pour mettre toutes les chances de mon côté de surmonter la pression sociale(encore) en conservant ce rythme la.

dimanche 2 janvier 2011

Moi.

Moi. Oui, oui, encore Moi. Petit bilan, décisions, changements! Le Laos a décidé qu'il voulait encore de moi pour un certain temps. Mon retour au Québec était prévu pour la semaine prochaine, début janvier, mais il sera retardé. Je ne me vois pas rentrer si tôt au Québec. Il me reste tant de choses à vivre, à voir, à découvrir, à expérimenter... Je n'ai pas achevé mon travail ici; mon travail sur moi-même, mon travail avec Dao, mon apprentissage du laosien. Si je pense à cet avion qui m'attend le 5 janvier, je n'arrive pas à m'imaginer dedans. Je ne peux pas me voir assise devant mon ordinateur au bureau. Je ne me vois pas revoir mes amis, ma famille, mes collègues et leur raconter mon périple, car il n'est pas terminé. J'aurais un sentiment d'inachèvement intense. Il faut dire qu'il y a plusieurs semaines déjà que j'ai pris cette décision de rester au Laos plus longtemps et je ne me suis pas du tout préparée à un retour au bercail. J'ai donc tout mis en place pour avoir encore devant moi tout le temps voulu pour poursuivre ce séjour asiatique. Je suis donc maintenant sans emploi au Québec. Je continuerai de travailler ici avec Dao et de donner des cours de français à quelques personnes. J'irai parcourir les alentours, le Sud du Laos, le Cambodge, la Thailande, Bali, mon pays intérieur et ses contrées inconnues. Et je me donne 6 mois de plus pour tout cela. Je ne peux pas rentrer la semaine prochaine, je ne le sens juste pas. En fait, je ne me questionne même pas, c'est tout clair pour moi, c'est une évidence. Et quitter mon emploi me l'a prouvé. C'était comme si je n'y travaillais déjà plus. Comme si en réalité, je l'avais quitté en septembre, alors que je devais partir temporairement. Et les petites tappes dans le dos, les mots d'encouragements, les petits cadeaux, petites attentions et messages d'amour et d'amitié reçus ne font que confirmer cette décision!
Et j'entame donc cette nouvelle année à Luang Prabang, en compagnie d'une amie qui m'est chère et qui partagera mes découvertes pour les premières semaines de l'année. 2011 qui commence en beauté pour moi, bien entourée par une famille et des amis extraordinaires qui me font sentir leur présence toute proche, même à des milliers de kilomètres de distance. 2011 qui sera la suite de ce voyage aux multiples facettes et qui en verra la fin, lorsque sa fin sera vraiment venue.