Destination, Festival de l'éléphant, Paklay.
La fin de semaine dernière, j'ai participé au Festival de l'éléphant, organisé par ElefantAsia. Une cinquantaine d'éléphants étaient rassemblés pour l'occasion. Une parade le matin avec les éléphants dans leurs plus beaux atours et quelques chars allégoriques et personnages fabriqués par les laotiens de la région, des démonstrations de force par les éléphants (tirer d'énormes troncs d'arbres), le bain des éléphants dans la rivière et l'élection de l'éléphant de l'année étaient les principales activités de la fin de semaine. Tout cela se faisait dans une ambiance de festival typiquement laotien: marché thaïlandais (vêtements, bijoux, chaussures, jouets et toutes autres «bébelles» auxquelles vous pouvez penser); échoppes de nourriture un peu partout; Beer Lao à profusion; jeux d'adresses (fléchettes, fusil à pression, etc) et de hasard; musique au moins 100 fois trop forte dans les stands des commanditaires qui veulent ainsi attirer l'attention sur eux (au détriment du spectacle qui a lieu sur le même terrain); feux d'artifices, et beaucoup de monde!
Le festival, organisé par ÉléfantAsia s'est très bien déroulé. Cette association à but non lucratif oeuvre au Laos pour la sauvegarde de l'éléphant d'Asie. Le Laos était autrefois surnommé «le pays du million d'éléphants», ce qui est loin d'être toujours le cas, ne comptant maintenant qu'environ 1000 éléphants sauvages et 500 domestiques. Cette espèce est donc à risque de disparaître du Laos, et de l'Asie du Sud-Est. (Pour en savoir plus: http://www.elefantasia.org). ElefantAsia, parmi ses projets, a créé une unité vétérinaire mobile pour les éléphants de partout au Laos. Ils offrent aussi des formations de premiers soins aux cornacs accompagné
d'une trousse appropriée. Par le festival annuel, ElefantAsia souhaite, outre de sensibiliser le public à l'extinction de l'espèce, redorer le métier de cornac. Par ce que j'ai pu en connaître jusqu'à maintenant, cette association me semble être un bel exemple de vision à long terme dans l'intérêt de la communauté locale. Chapeau!ElefantAsia étant géré principalement par des étrangers, ce sont donc des français qui ont coordonné l'organisation du festival. Ils espèrent bien que le festival puisse être repris par les cornacs eux-mêmes avec l'aide des districts de la région de Sayaboury, où se tient le festival chaque année. Toutefois, comme cela arrive souvent, le transfert ne se fait pas si facilement. ElefantAsia voudrait bien, en un premier temps n'organiser que le festival lui-même, et laisser la gestion de la sécurité, de l'hébergement et autres aspects pratiques au district qui reçoit le festival, mais dans le concret, ça ne se réalise pas encore. Ceux qui ont déjà participé à la mise en place d'un projet ou d'un évènement récurrent dans un pays en voie de développement ont pour la plupart déjà vécu cela... Sans l'appuie des districts, les cornacs ne parviendraient pas à organiser le festival. Ce sera donc, selon moi, un travail de longue haleine! J'ai entendu qu'il y avait une étrangère en poste dans cette région du Laos et qui aurait, entre autres, comme mandat de former les administrateurs pour qu'ils puissent efficacement prendre en charge ce type d'évènement. Ce pourrait être une bonne aide, si cela est bien fait!
Ce qui m'a le plus marqué durant ce week-end est le lien entre les cornacs et leur éléphants. Les cornacs sont à la fois le maître, le guide et le soigneur de leur éléphant. Les cornacs le deviennent de génération en génération. On sait qu'au Laos, les éléphants sont domestiqués depuis environ 4000 ans, cela fait donc plusieurs générations de tradition orale sur le métier de cornac. Souvent, un cornac sera le cornac d'un seul éléphant dans sa vie, et il le connaîtra enfant. Ils apprendront à se connaître pendant plusieurs années et il fera lui-même l'entraînement de son éléphant, guidé par des cornacs plus expérimentés. L'éléphant a une durée et un rythme de vie et de croissance très semblable à celui de l'humain, ce qui semble augmenter le lien d'attachement entre l'homme et l'animal. Loin de moi l'idée de vous donner un cours sur les cornacs, mais je voulais vous en parler un peu car j'ai réellement été impressionnée par eux. Les yeux de fierté qu'avait les cornacs, juchés sur le cou de leurs énormes compagnons. La connexion entre eux et leurs éléphants. Les attentions et la compréhension de