3 mots. 3 raisons d'écrire. 3 mots qui peuvent vivre seuls ou reliés. 3 mots séparés, parce que je ne peux choisir une formulation. Et parce que de cette façon, pas de restrictions, les fenêtres sont grandes ouvertes!

jeudi 9 juin 2011

Destination

Destination, «baci» de départ.

Un «baci» est une cérémonie typiquement laotienne très fréquente chez les Laotiens bouddhistes. Il en existe aussi des variantes dans certaines ethnies animistes. Les Laosiens organisent des bacis pour toutes sortes de raisons; mariage, nouvelle maison, début de construction d'une maison, ouverture d'une entreprise, demande de guérison, remerciement de guérison, nouveau bébé, parfois même nouvelle mobylette...! Ces cérémonies sont plus ou moins longues selon la présence ou non de moines pour mener la cérémonie et selon la raison d'être de la cérémonie. Qu'elle dure 30 minutes ou une heure 30, il y a toujours un petit autel en feuilles de bananiers et de palmiers et en fleurs, autour de laquelle des dons en nourriture et en argent sont posés. Durant la cérémonie, on fait appel aux esprits pour qu'ils apportent bonheur, santé, chance et prospérité à la personne (ou aux personnes) pour qui on l'a organisé. Le «leader» de la cérémonie adresse des souhaits à la personne honorée en s'adressant directement à elle. Il prend ensuite des cordelettes de coton enroulées sur une tige de bois piquée dans l'autel et en noue une à chaque poignet de la personne honorée. Ensuite, tous les participants au baci répètent les mêmes ( ou parfois de nouveaux) souhaits à la personne en lui nouant aussi des cordelettes autour de chaque poignets.

J'ai eu la chance - un grand merci à Nathalie - d'avoir un baci organisé pour moi, pour mon départ. Une belle surprise lundi matin dernier! Ce fut un magnifique baci, très touchant pour moi, rassemblant à quelques exceptions près tous mes amis Laotiens et expats de Luang Prabang. Je me suis retrouvée avec près d'une quarantaine de bracelets de coton blanc à chaque poignet, chacun représentant les souhaits d'amis ou des quelques voisins du village qui sont venus pour mettre en place «mon» baci. Et comme à l'habitude à Luang Prabang, la cérémonie s'est poursuivie avec une belle fête, bien arrosée et avec nourriture à profusion pour tout le monde, jusqu'au soir. Et la finale obligée: une fin de soirée au «Full moon Karaoke», histoire de me combler du matin au soir! ;)

Un départ en beauté de Luang Prabang!

mercredi 8 juin 2011

Moi.

Moi. Départ ou retour.
Le moment de quitter Luang Prabang est venu. Est-ce un nouveau départ ou un retour? J’aurais d’abord cru que quitter le Laos correspondrait à un retour à la maison, mais je le sens plutôt comme un départ de mon nouveau chez-moi, avec tous les «aurevoirs» qui viennent avec! Oscillant entre la joie d’aller retrouver famille et amis dans mon pays, le Québec, et la tristesse de quitter tous ces amis de Luang Prabang et de ne peut-être plus les revoir, j’ai profité pleinement de chaque instant de mes dernières semaines au Laos. Le sentiment d’urgence a pris beaucoup de place dans les derniers temps, alors que j’accumulais les «dernières fois» de tout.

Je prépare mentalement mon retour au Québec. J’ai deux semaines de vacances à Bali pour m’y préparer. Sage décision que j’ai prise il y a plusieurs mois déjà que de me donner une petite période de transition avant de rentrer. Ça m’a permis de vivre pleinement mon départ de Luang Prabang, de faire mes «aurevoir» - ou mes adieux?- sans penser tout de suite à mon retour à la maison. J’ai maintenant deux semaines pour m’orienter vers ma vie Québécoise. Maintenant que je suis déjà loin du Laos, je me sens plus apte à m’y consacrer. J’ai la chance de revoir ici pour quelques jours un couple de gaspésiens, qui sont passés de connaissances à amis alors que nous vivions le Pi Mai Lao ensemble. Et leur présence ici et ensuite en Gaspésie m’est rassurante. Je me prépare à faire face à une incompréhension plutôt grande de la part des amis au Québec, par rapport à mon expérience de cette année, mais je sais que je pourrai au moins partager une partie de souvenirs avec ce couple, et avec notre amie commune qui m’a aussi visité peu de temps avant eux.

Je me prépare mentalement à devoir tenter de trouver une réponse de maximum deux minutes à la multitudes de gens qui me diront «Pis ton voyage?», mais qui au fond n’auront que quelques minutes à consacrer à la réponse et qu’un minimum d’intérêt réel. La plupart des gens voudront entendre «Ho c’était génial, il fait toujours beau là-bas et j’ai rencontré pleins de gens merveilleux». Mais je devrai mettre de côté les frustrations face à la différence culturelle, je ne pourrai partager le goût des aliments locaux, l’odeur des marchés, le sourire des enfants curieux, la lenteur de la vie locale, les détails environnementaux, la beauté des temples et leur ambiance reposante, les fous rire en plusieurs langues et bien d’autres choses! Bien sûr, quelques rares personnes seront réellement intéressées et seront prêtes à tout savoir, tout voir - je les remercie d’avance, c’est précieux , mais alors ce sera moi qui ne saurai plus par où commencer, qui aurai peur de donner trop de détails, qui n’arriverai pas à faire vraiment comprendre comment c’était.... Puisqu au fond, il faut le vivre pour savoir! Alors je me prépare mentalement à tout cela...

Et je m’organise pour faciliter ma réintégration au monde Québécois, au monde occidental. Bien sûr, le début est facile à prévoir: du temps pour revoir tout le monde! Québec, Montréal - Sherbrooke? Trois-Rivière? - Rimouski, Matane, Carleton, Maria, Caplan, Bonaventure... et autres villes, chacune correspondant à au moins un ami, défileront durant les premiers jours, voire, semaines. Puis, je continuerai à faire défiler les villes, à vitesse réduite, en en parcourant une partie à vélo. Ce sera mon «projet retour». En bonne élève, je n'ai jamais oublié ces bons conseils qu'on m'a dit il y a quelques années, et qui s'avèrent efficace. Donc, en prévision de la dépression post-retour, je mets en branle un projet avant même d'arriver au Québec. Ce sera un petit voyage, dans mon pays, à vélo. À vélo, pour retrouver un peu de la lenteur sud-asiatique, seule, pour me retrouver, en camping, parce que j'aime ça (et parce que les prix au Québec sont exorbitants), dans la nature, sur le bord de la mer, du fleuve, dans la forêt, pour me rapprocher de la quiétude nécessaire pour reprendre de bonnes habitudes de méditation. Ce sera un petit voyage dans mon pays d'origine pour y intégrer les nouveautés de mon pays intérieur et des parcelles de mon pays temporaire!