De retour à Cape Town pour mes derniers jours, j’ai eu l’occasion de faire deux magnifiques randonnées. Cape Town est entourée de montagnes, de pics rocheux, dont la fameuse Table Mountain et le Lion’s Head. Vous vous rappelez que je n’ai pas particulièrement profité de Cape Town à mon arrivée ? Guidée par quelqu’un qui sait pour moi et malade, en plus d’être sur place par des jours tellement venteux que le cable car n’était pas en fonction pour aller au sommet de Table Mountain et que les randonnées étaient non recommandées.
Je suis revenue à Cape Town jeudi midi, en avion à partir de Durban, après une nuit grise pâle (presque blanche pour ceux qui n’avait pas saisi!). D’ailleurs, un grand merci ironique à mes charmants et oh combien respectueux co-chambreurs de dortoir cette nuit-là! Donc, vers 13h, j’étais rendue à mon hotel de backpacker de Cape Town, les deux yeux dans le même trou et le poids d’une fin de voyage sur les épaules. J’avais comme incontournable sur ma liste: grimper Table Mountain et visiter un marché, histoire d’acheter quelques cadeaux de Noël. Un gars rencontré plus tôt dans le voyage me proposait d’aller faire la randonnée le lendemain matin, puisque c’est soit disant plus frais qu’à deux heures de l’après-midi. L’idée m’est d’abord apparue plutôt bonne et me permettait de faire une sieste au lieu d’une ascension... Mais comme l’après-midi en question était sans vent (très rare dans cette ville) et un peu nuageuse. Comme son matin plus frais commençait en fait vers 10h et que le soleil se lève assez tôt. Et comme il avait un peu trop le goût de me revoir et qu’il a osé me demander s’il pouvait se joindre à moi pour ma sieste (voyons donc mec! Je t’ai parlé pendant une heure il y a une semaine! C’est un peu prétentieux de penser que je te veux dans mon lit, non?!!!). Table Mountain a donc gagné la partie cet après-midi là!
J’ai commencé l’ascension trop fatiguée, à me demander ce que je faisais là. Évidemment, personne d’autre à l’entrée du sentier. Évidemment, plusieurs pancartes rappelant à tous l’imprudence de randonner seul. Et, évidemment, je prends quand même le sentier... juste pour voir ! Rapidement, j’ai vu qu’il y a avait pleins de monde qui redescendaient, ça m’a rassurée, je suis pas vraiment toute seule. Le sentier, c’est plutôt un espèce d’escalier naturel interminable, en roches naturelles, qui monte de façon assez directe la Platteklip Gorge. J’ai les jambes lourdes autant que les paupières, mais j’avance. Tête de cochon. Quelques centaines de mètres, un kilomètre peut-être? Et je prends le beat. Mes muscles se réveillent et apprécient le travail. Mes jambes me guident vers le haut, je commence à dépasser des gens. Mon énergie monte avec le sentier. Les jambes sont faites pour ça, elles sont habituées, elles aiment ça. Ma fatigue affecte toutefois un peu mon équilibre, et je dois être plus prudente (ça ressemble à monter le Mont Albert du côté long, avec les grosses roches!). Et là, je me mets à croiser et dépasser toutes sortes de phénomènes, et je ris. Je ris du groupe beaucoup trop énorme, bruyant et chialeux de jeunes français, aussi peu préparés que persévérants pour faire cette ascension. Qui s’engueulent. Qui mettent de la musique dans un petit haut-parleur pour se motiver (et emmerder les autres). Je ris, tout en m’inquiétant, de la fille en jolie robe blanche qui redescend le sentier, sans sac à dos, sans eau et sans sourire (je lui ai offert de l’eau). Je ris avec cet adorable couple de japonais qui prennent une pause et qui, d’une certaine façon, me forcent à prendre une pause moi-même pour profiter de leur agéable compagnie. Je reprends la montée, les jambes légères, la fatigue envolée, je flotte. Je croise cette magnifique petite fille d’environ 5 ou 6 ans, qui redescend le sentier, fierté imprimée dans le visage. Et je continue de grimper, me félicitant de n’avoir attendu personne pour faire cette rando. Journée parfaite, gratitude au rendez-vous, et paysages époustouflants au sommet!
Quelques images au passage de la randonnée à Lion’s Head, au couché du soleil. Randonnée qui m’aura encore une fois fait sortir de ma zone de confort: sentier en bordure de falaise (clairement ce sentier ne serait pas permis au Québec... du moins pas sans barrières de protection), étapes plus près de l’escalade de roche que de la randonnée et les dans un vent intense. Ça réveille assurément mon vertige. Mais la vue en vaut la peine (même si finalement, le sommet était dans un nuage).