3 mots. 3 raisons d'écrire. 3 mots qui peuvent vivre seuls ou reliés. 3 mots séparés, parce que je ne peux choisir une formulation. Et parce que de cette façon, pas de restrictions, les fenêtres sont grandes ouvertes!

lundi 31 décembre 2012

Nous. Destination. Laval - Amsterdam

 Nous nous étions tous préparés aux obstacles possibles de l'ascension du Kili, mais pas aux obstacles de transports avant même d'atteindre la Tanzanie!

L'improbable s'est produit, les péripéties s'accumulent.... Nous sommes au jour 4 et encore à Amsterdam.  D'abord, la tempête de neige impressionnante qui a attaqué Montreal le jour du départ a apporté son premier lot d'émotions!  Moi, jusqu'alors si calme, ai vu mon taux de stress augmenter rapidement de plusieurs crans, à chaque demi-heure de retard sur l'horaire. Mon adorable amie Marie-Michele, fidèle "lifteuse" pour l'aéroport, a bravé la tempête, les rues non déneigées et la visibilité ultra réduite, après avoir retrouvé sa voiture sous une montagne blanche, pour me prendre à Laval, 2h plus tard, mais tout de même à l'heure prévue. Nous nous sommes donc lancées sur la route ensemble jusqu'à l'aéroport... Téléphone portable à la main pour tenter de savoir quels chemins sont ouverts... Nous nous retrouvons immobile sur la 13 pendant plus d'une heure... Le stress augmente, on échange peu de paroles, on regarde le 511.com, on écoute la radio du trafic... On s'inquiète, mais tout de même, on s'était prise suffisamment d'avance, ce n'est pas encore dramatique. Je suis en contact avec Mélanie et son frère, ils sont pris eux aussi sur un autre chemin, mais eux, ça avance... Le temps passe, on attend toujours. Mélanie est rendue à l'aéroport, alors que nous sommes toujours immobiles. C'est ce qui nous convainc de faire une autre tentative, on s'enligne sur l'accotement et on part de reculons pour parcourir les environs 300 m qui nous séparent d'une jonction. On prend à droite, on roule...


 - ça va pas vite, mais en autant qu'on avance, moi je suis rassurée, Marie!


 Sur ces paroles, on s'immobilise à nouveau. Le stress en prend un bon coup! Mélanie me fait savoir que 2 autres membres du groupe sont arrivés. Le temps passe. 1h30 passe. On ne bouge pas. On est à 5 km de l'aéroport. Il est 18h10, le check in ferme à 18h30, l'avion est à 19h. Aucune possibilité de s'y rendre en voiture. Je sors et commence à marcher, me prenant pour une sherpa sur le bord de l'autoroute, je porte tous mes bagages, mon stress et ma détermination et j'avance d'un bon pas. Consciente que si je dois marcher jusqu'à l'aéroport je serai en retard. J'avance dans la neige, je suis sur la voie de service, je vois que ça bouge sur l'autoroute, je me rends à la jonction. Une âme charitable m'embarque et me conduit jusqu'à sa destination; le stationnement des employés de l'aéroport. Il fait un petit détour pour me reconduire le plus près possible pour que je puisse marcher le reste. Il est 18h30. Mélanie a passé la douane. David, son frère, avertit au comptoir KLM que je suis sur le point d'arriver. Il me reste 10 minutes de marche. Les bretelles de mon duffle bag me scient les épaules, j'ai les larmes aux yeux à force de contenir mon stress et je marche le plus vite possible. Une voiture s'arrête à ma hauteur lorsque je lève la main et m'embarque aussitôt. L'homme me dépose à destination! Je cours dans l'aéroport jusqu'à la bonne porte. David et sa mère m'y attendent, je croise deux autres membres de mon groupe. Le Check in se fait rapidement, on passe en priorité aux douanes, on rejoint les autres. Il manque Marco et Julie seulement. Le vol est reporté d'une heure... Je ne l'ai donc pas manqué, mais j'ai à peine le temps de passer à la salle de bain et de prendre un jus en guise de souper. Marco arrive. Embarquement immédiat!! 


 On s'installe le plus confortablement possible dans l'avion. Après quelques minutes Julie arrive à nous rejoindre dans l'avion, grâce aux efforts de Michel, un de nos guides. On ne la laissait pas passer au Check in, prétextant qu'il était trop tard pour prendre l'avion, alors qu'elle savait que nous étions encore là ( qu'est-ce qu'on ferait sans les cellulaires!!). On nous dit que nous décollerons dans environ 30 minutes, après avoir dégivré les ailes. Plusieurs 30 minutes plus tard, nous attendons un technicien qui viendra réparer le "flap" sur les ailes. Après 5h d'attente à bord de l'avion, on nous annonce que le problème est résolu, mais qu'ils doivent à nouveau dégivrer les ailes.... Un autre 15 minutes qui se traduit en 30... Puis, on nous annonce qu'on pourrait finalement partir mais que, étant donné la loi qui ne permet pas aux employés d'être à bord plus de 12 heures... L'équipage ne peut pas nous accompagner et le vol est annulé! Une bonne heure pour revenir à une porte libre, sortir de l'avion sans trop d'information, pour ensuite attendre nos bagages durant une petite éternité, attendre une navette pour un hôtel à Laval, attendre pour obtenir nos chambres... À 6h du matin j'ai enfin une chambre, je suis  trop affamée pour me coucher maintenant, malgré une intense fatigue, alors j'attends l'heure du petit déjeuner, 6h30. Et la journée passe entre le lit et la salle à manger. A 16h30 une navette nous ramène a l'aéroport, 1h30 de trafic, qui nous fait courir pour prendre notre fameux vol! Attente et patience sont à nouveaux nos deux meilleures amies pour les heures qui suivent. On s'envole enfin, tous contents de finalement débuter l'aventure tanzanienne bientôt! 


 On sait qu'on ne pourra plus profiter de notre journée de repos à Arusha avant de débuter le trekking. On aura donc une très courte nuit, à peine quelques heures, à notre arrivée avant de commencer le trek. Je me dis que ça nous fera tous commencer plus fatigués, mais nous sommes tous dans le même bateau et suffisamment préparés pour passer par-dessus cet obstacle de plus. Tout le monde semble bien gérer la situation, personne ne s'impatiente ou ne s'énerve; on n'a aucun contrôle sur la situation. Et nous sommes contents que tout le monde ait survécu à la tempête de neige; et ait pu arriver à temps: ça aurait compliqué les choses pas mal autrement!


 Ce qui rend notre aventure des plus incroyables, c'est qu'une fois à bord de notre deuxième vol, de Amsterdam à Kilimandjaro airport... Un problème avec l'air conditionnée dans l'avion fait que nous ne pouvons partir et que notre vol est annulé! Reporté 24h plus tard!!!!! Une nuit à Amsterdam! J'ose avouer qu'une bonne nuit sommeil m'est profitable et que cela me permettra probablement de commencer le trek un peu plus en forme. Par contre, nous avons perdu une membre de l'équipe qui a du rester à Amsterdam pour un problème de santé. C'est dommage, mais valait probablement mieux que cela arrive à Amsterdam qu'en Tanzanie. Elle reçoit de bons soins et va déjà mieux! 


 Maintenant à bord du vol qui nous mènera enfin vers la Tanzanie, je sens qu'une nouvelle page de notre aventure commence! J'ai hâte de recevoir la chaleur africaine en pleine face en débarquant de l'avion!  Je ne me sens pas découragée par ces événements, je me rends compte que je reste très positive dans toute cette histoire. En être fâchée ou commencer à me plaindre de la situation ne ferait que la rendre désagréable, alors qu'en fait, il peut être intéressant de passer une nuit à Amsterdam ( en tout cas, plus qu'à Laval )!  A la deuxième annonce de délai de 24h, je n'ai pas pu m'empêcher de rire, tellement cela paraissait irréel! Comment pouvons-nous accumuler autant de "bad luck" ? Je me plais à dire à mes compatriotes que rien n'arrive pour rien, et que notre retard en Tanzanie nous permet peut-être d'éviter une grande catastrophe! Ou encore que notre 24h à Amsterdam devait arriver pour me permettre de rencontrer l'homme de vie (ce n'est pas arrivé!). Chacun y va de ses hypothèses et les liens se créent de plus en plus entre les membres du groupe! Nous sommes plus que prêts à commencer cette grand ascension! 

lundi 24 décembre 2012

Moi. Destination. Kilimandjaro

Kilimandjaro, nouveau départ, nouveau défi. Le décompte est largement entamé vers cette nouvelle aventure; dans 4 jours je m'envolerai pour la Tanzanie. Malgré mon silence sur le blog, bien des choses se sont passées pour planifier ce projet...

Il y a 6 mois, j'ai sauté à pied joints, avec assez peu d'hésitations, dans cette aventure... C'est Mélanie, une collègue et amie, qui m'a appris son implication dans ce projet... Elle n'a eu qu'à lancer cette simple invitation "Viens!" pour semer en moi l'envie de plonger! Je me suis renseignée sur le projet, le défi... et ce qui m'a d'abord frappé, c'est le coût faramineux du périple (surtout du point de vue de la voyageuse low budget que je suis habituellement). J'ai donc rapidement mis de côté la possibilité de l'accompagner et tenté d'effacer ce "Viens!" de ma mémoire. Puis, j'ai revue Mélanie. Elle m'a raconté ce qui l'a poussée à se joindre à l'équipe, mais surtout, les craintes qui émergeaient maintenant en elle, après l'euphorie du début passée... Tout de même, elle a osé redire ce "Viens!" qui m'avait tant parlé...

J'ai donc relu, revu, repensé puis je me suis dit que cette opportunité ne passerait qu'une fois...
- me lancer dans un défi physique d'importance 
- le faire pour une cause qui me tient sincèrement à coeur, personnellement et professionnellement
- supporter cette cause pour les enfants de ma propre région, région natale, région de coeur, région de choix. 

Il n'en fallu pas plus pour que j'appelle Doryne, l'instigatrice du projet. 

- Doryne, j'ai entendu parler de votre projet par Mélanie... J'ai lu les documents sur le projet, sur la levée de fond, sur la fondation... Je suis plus qu'intéressée! Comment fait-on pour embarquer dans l'équipe?
- Et bien... je t'envoie un formulaire, tu le remplis, me le renvoie, et ça y est!
- Quoi? c'est tout? c'est aussi simple?
- Tu as peut-être envie d'y penser encore un peu, Laurence ?
- Ha... heu... Oui bien, heu, je devrais peut-être... Disons que je pourrais me donner une soirée de plus pour réfléchir...

S'ensuit une discussion fort intéressante sur le Kilimandjaro, la fondation, la naissance du projet...

- Doryne, en fin de compte, envoie-le moi tout de suite le formulaire, c'est déjà tout réfléchi! J'embarque!!

Et c'est comme ça que ça a commencé... L'excitation à son comble, l'émotion dans les yeux et ces battements d'ailes au creux de l'estomac qui appellent la liberté! 

Le timing est parfait. Les circonstances ne me permettant pas de repartir pour un long périple, le type de voyage qui s'impose à moi depuis un certain, en est un "sportif". Je m'imagine partir en cyclotourisme en Europe, en trekking au Népal, faire un voyage de ski dans l'Ouest canadien. Je tends à voyager avec un but, donner un sens à ma découverte d'un autre pays. Le projet au Kilimandjaro enflamme donc cette petite idée qui émerge dans ma tête. Et peu à peu, je me rends compte que je n'emplois jamais le terme "voyage" pour parler de cette aventure en Tanzanie... c'est un projet, un défi. Oui, un défi! Et de taille. Je sens que ce terme rend plus justice à toute la préparation et au travail qui l'accompagne, que "voyage" qui sonne plutôt comme "vacances". Et ce défi fait, bien sûr, référence à l'ascension des 5895 m, mais il englobe aussi la cause et la levée de fond qui font partie intégrante de ce projet. 

La cause. Quelle cause!! Convaincante pour moi dès le départ, il a été facile de me sentir naturellement ambassadrice de cette cause dans mon entourage. Sans mettre aucun effort de "vente", en en parlant sincèrement et avec coeur, j'ai pu rejoindre et "convaincre" plusieurs personnes de participer financièrement à cette grande levée de fond. Il va sans dire que c'est une cause connue, qui touche les Québécois. La Fondation du Dr Julien a un nom, une tête d'affiche et une visée rassembleurs. La pédiatrie sociale s'avère pour plusieurs familles une option gagnante pour recevoir des services de qualité répondant à leurs besoins. Il est clair que je crois sincèrement en cette approche communautaire pour répondre aux besoins des enfants de milieux défavorisés pour leur assurer un bien-être et leur permettre un développement optimal. 

Et ce qui s'est avéré encore plus convaincant pour moi, c'est d'amasser des fonds qui serviront au bon fonctionnement des activités du tout nouveau, et premier, centre de pédiatrie sociale en Gaspésie. Je suis contente et fière qu'un regroupement de gens de qualité se soient levés et mis en action afin de mettre sur pied ce centre à Cap Chat, qui répondra aux besoins des enfants de la MRC de la Haute-Gaspésie, parmi les plus pauvres au Québec. Je suis vraiment emballée par le fait d'amasser des fonds pour les enfants d'ici, de ma région. La Gaspésie, ma Gaspésie !

Alors voilà, plusieurs bonnes raisons de me lancer dans l'aventure, de m'activer pendant 6 mois à amasser des sous, à m'entraîner plusieurs fois par semaine pour être dans la meilleure forme possible, à me préparer matériellement à cette ascension, à me pratiquer et à tester mon matériel en montagne, et à me préparer mentalement à aller au bout de moi-même, à repousser mes limites un peu plus loin. 

À 4 jours du départ, je fais un certain bilan des derniers mois. Je suis contente de ma forme physique et du petit plus que j'ai ajouté à mon entraînement habituel. Je me sens prête physiquement et matériellement. Je sais que j'ai la force morale aussi de réussir, je peux puiser dans de bonnes réserves de détermination pour me rendre jusqu'au bout. Je ne peux pas me préparer à vivre les effets de l'altitude et je ne peux pas savoir comment mon corps si ajustera. Mais je me prépare à vivre pleinement chaque instant, chaque étape, et à apprécier le chemin que je parcourrai (et que j'ai déjà commencé, d'une certaine façon, à parcourir) peu importe jusqu'où il me mènera. Je me rappelle une citation que j'affectionne particulièrement et qui donne du sens à ma démarche;

"On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va" 
Christophe Colomb



Je me rends compte que, fidèle à moi-même, même à quelques jours du départ, je ne suis pas encore excitée. C'est certainement la question qu'on me pose le plus souvent ces derniers temps. Mais non. Je ne le suis pas. Fidèle à mes habitudes, j'ai un enthousiasme et une grande excitation au moment de prendre la décision de partir. Puis, cela s'estompe, disparait, s'efface... jusqu'à ce que je sois pleinement embarquée dans l'aventure... jusqu'à ce que je sois assise dans l'avion! 

Je repense à mon attitudes des derniers mois, et je me rends compte que j'ai esquivé toutes les possibilités de lire, voir ou entendre l'expérience de d'autres personnes sur le Kilimandjaro. Ça ne m'intéresse pas. En tout cas, pas maintenant. Sur le coup, je me disais que je n'étais pas normale et j'avais l'impression d'être désintéressée d'un projet qui pourtant occupe la plupart de mon temps. Puis j'ai réalisé qu'en fait, je ne souhaite pas en savoir plus sur l'expérience des autres, car je désire vivre ma propre expérience sans la teinter de celle des autres. Je ne veux pas trop en savoir, car je me vois aussitôt commencer à anticiper certaines choses, me créer des attentes ou des craintes. Et je n'y vois aucun bénéfice. J'aurai, au retour, probablement beaucoup plus envie de consulter ces gens, vidéos, articles, livres sur le sujet pour partager, revivre ou comparer mon expérience avec celles des autres. 
Malgré cela, je trouve très précieuses les personnes qui autour de moi ont pu répondre à des questions précises pour ma préparation physique et matérielle grâce à leur propre expérience. 

Et je prends conscience aussi que c'est une fort belle façon de faire que j'ai spontanément adoptée. Une belle étape vers ce que je vise: vivre le moment présent. En refusant d'anticiper, de me créer des attentes, je me prépare à vivre mon expérience telle qu'elle se présente à moi, au moment où elle se présente à moi. Et ça me fait sourire, ça me rend légère voire même heureuse de comprendre ma propre attitude avec cette lunette là! 

Ce soir, je me dis que, même si je suis encore calme et bien "relax" par rapport à ce départ imminent, j'ai vraiment hâte de me lancer dans cette dernière étape du défi "Voir grand pour l'enfance - Kilimandjaro 2012". Et je me réjouis de penser que je commencerai l'année 2013 sur cette montagne mythique!