3 mots. 3 raisons d'écrire. 3 mots qui peuvent vivre seuls ou reliés. 3 mots séparés, parce que je ne peux choisir une formulation. Et parce que de cette façon, pas de restrictions, les fenêtres sont grandes ouvertes!

mercredi 17 novembre 2010

Destination

Destination. Apprentissage du Lao. Deux mois déjà que je suis ici et que j'apprends le Lao. Et non, je ne suis pas encore capable de parler politique, éducation et sociologie... mais tout de même, je peux me présenter, parler de ma famille, commander au restaurant, demander une direction, et quelques autres courtes conversations pratiques. Mais surtout, je peux dire où je vais et d'où j'arrive, en réponse aux questions les plus communes au Laos. «Djao pay say?» (Où vas-tu?) est une question aussi normale et banale que «Ça va?». On peut répondre où l'on va réellement tout comme on peut tout simplement répondre qu'on marche, ou qu'on va quelque part, au même titre qu'on répond machinalement «Oui, ça va», même si ce n'est pas nécessairement le cas.

La grammaire et la syntaxe sont assez simples en Lao. Rapidement, moyennant un peu de vocabulaire, on peut construire des phrases affirmatives, négatives et interrogatives. Il n'y a pas de flexion des verbes. Selon de temps de verbe qu'on veut utiliser, on ne fait qu'ajouter une syllabe entre le pronom et le verbe (le verbe est à l'infinitif et invariable) qui réfère au futur ou au passé. Un autre mot permet de dire «en train de». Sachant cela, déjà, on peut facilement construire quelques phrases. L'interrogation se fait en ajoutant «bo» (avec un «o» ouvert pour ceux qui connaissent la phonétique) à la fin d'une phrase et la négation en mettant la même syllabe avant le verbe ou l'adjectif. La grammaire et la syntaxe semblent faites pour économiser au maximum la salive. Pour dire qu'une personne est belle, on n'a qu'à dire, «elle belle», sans verbe. Mais attention! Ne vous méprenez pas, malgré l'apparence simple de la structure des phrases, le Lao est difficile à apprendre pour nous, francophones! La difficulté réside principalement dans l'acquisition du vocabulaire et ce, pour plusieurs raisons.

D'abord, certains phonèmes (sons de la langue) utilisés en Lao n'existent pas en français. Par exemple, le «h» aspiré que plusieurs francophones ont de la difficulté à utiliser lorsqu'ils parlent anglais, est bien présent en Lao. Utilisé seul, c'est pas si mal après avoir appris l'anglais. Toutefois, il est un peu plus difficile à détecter ou prononcer lorsqu'il est précédé par le «p». Donc «pak» et «phak» sont deux mots totalement différents ici. D'autres sons sont un peu plus difficiles à différencier et à prononcer pour nous comme le «nga», «gna» ou «nia» qui pour eux représentent des différences énormes... ou comme le «dja» à mi-chemin entre un «ch», un «j» et une plosive comme un «d». Mais les difficultés ne s'arrêtent pas là, car ils ont aussi des sons qui pour nous sont bien différents, mais pour eux ne font pas de différence. Par exemple, le trait de voisement pour les consonnes en finale de mot importe peu, donc «tad» ou «tat» est pratiquement la même chose ici. En fait, c'est comme si on devait atteindre la position articulatoire du son, mais sans vraiment le prononcer. Ils nous trouvent bien drôle de terminer tous nos mots comme s'il y avait un «e» après la consonne «tade». Notre «r» n'existe pas pour eux et ils le remplacent généralement par un «l». Lorsqu'ils tentent d'imiter notre «r», il en ressort un son guttural très peu élégant!

Outre cela, ce qu'il faut savoir, c'est que le Lao est une langue à ton. C'est donc une autre difficulté, très grande celle-là! Il y a 6 tons: bas, moyen et haut, puis, montant, descendant-haut, descendant-bas. Certains sons sont courts, d'autres sont longs. Comme la majorité des mots laosiens sont monosyllabiques, c'est vraiment le ton qui marque le sens du mot, ce qui représente une difficulté énorme pour nous. Certains francophones arrivent à entendre d'emblée une différence entre les tons s'ils sont dits simultanément, mais en spontané, en conversation, c'est généralement les autres mots ou le contexte qui permettent de comprendre le sens. D'autres n'arrivent pas du tout à entendre de différence. Pour s'exprimer, encore, c'est une autre histoire! Personnellement, j'ai du mal à exprimer la différence avec les mots en isolé. Mais de façon général, nous avons tous de la difficulté en conversation car nous devons restreindre nos habitudes de tonalité de notre propre langue. Cela veut dire d'éviter de marquer l'interrogation, l'émotion ou l'emphase par la tonalité, ce qui est franchement bien ancré dans nos habitudes et favorisé... Qui n'a jamais eu un enseignant avec une voix monotone? Et qui a apprécié?

Alors voilà! J'en suis à tenter d'augmenter mon vocabulaire. De plus en plus, je peux comprendre des bribes de conversation en Lao. Je suis capable de demander comment telle ou telle chose se nomme et je peux donc cibler les mots dont j'ai besoin. J'essaie de mettre un effort particulier pour apprendre des verbes. La difficulté à laquelle je me bute régulièrement est d'expliquer ma profession, l'orthophonie. Comme elle n'existe pas au Laos, il n'y a pas un mot pour la nommer, je dois donc l'expliquer. Déjà, en français, ce n'est pas toujours évident...! Par ailleurs, comme je ne peux qu'avoir de courtes conversations assez simples et superficielles, je suis souvent frustrée des bris de communication avec les Laos qui ne parlent que le Lao... ça motive à apprendre plus!!

mardi 2 novembre 2010

Moi.

Moi. Bilan. Parfois vient le temps de prendre une pause. C'est maintenant! Après avoir franchi avec succès la période d'adaptation, j'ai eu droit à un certain moment de bien-être facile. Un doux bien-être je dirais... qui fait que les choses vont d'elles-mêmes, facilement. Et voilà, quand on est bien, ça attire les gens; mon réseau social s'est donc développé considérablement... et ma vie sociale a pris une ampleur exponentielle! Les sorties et les bonnes bouffes s'accumulent, les heures de sommeil diminuent... Repos! Voilà, il est grand temps que je fasse une pause. Où en suis-je maintenant? Je suis à l'aise dans Luang Prabang (peut-être un peu trop je commence à ne plus vouloir sortir d'ici!), on me salue un peu partout, je ne sors plus sans croiser un ami ou une connaissance... Suis-je en train de m'oublier dans ce tourbillon? Non, pas tout à fait, car je ne fais que ce qui me tente (il y a juste trop de choses tentantes!). Mais, je sens que je dois me ramener à mes petits objectifs personnels, mes défis... et pour ça, je dois conserver des moments juste pour moi!
Je ne travaille que les après-midi, durant environ 2h. Et trois fois par semaines, j'ai un cours de Lao de 13h à 14h. Si on fait le compte, il me reste énormément de temps libre. Ce que j'adore, évidement! J'apprécie beaucoup n'avoir pas de contrainte de temps, surtout le matin! Mais ne vous méprenez pas, je ne passe pas la moitié de la journée à lézarder dans mon lit (de toute façon, mes colocs le font suffisamment... c'est un couple de gecko, je leur laisse donc la palme du lézardage professionnel!). Sauf que, tout de même la tentation est là, surtout avec le «beat» social que j'ai pris récemment... Je me vois donc faire, aujourd'hui, un horaire pour organiser mes temps libres! Et bien que ça parraissent facile... ce n'est l'est pas du tout! Doser la flexibilité, tant appréciée, de gérer mon horaire très aéré, tout en me donnant un minimum de discipline pour avec une rythme de vie sain et productif. Productif? Oui oui... car avec autant de temps libre, on peut facilement passer des heures à ne presque rien faire et arriver au bout de la journée et se demander «à quel activité pertinente ai-je occupé mon temps aujourd'hui?» avec pour toute réponse... Rien! Ne vous en faites-en pas, ce n'est pas mon cas! J'ai une tendance à éviter l'inactivité. J'occupe donc très bien mes temps libres avec des activités que je considère pertinente et productive pour moi (elle ne le serait peut-être pas pour d'autres). Néanmoins, je réalise que l'écriture, qui pourtant reste toujours présente dans ma tête, est l'activité qui se fait déplacer le plus facilement. C'est donc une des principales raisons de mon entêtement à me créer un horaire de temps libres... Je souhaite donc organiser de façon agréable des périodes de méditation, d'exercices physiques, d'étirement, de lecture, d'écriture, d'apprentissage du Laos et de visites quelconques, tout en poursuivant mon travail l'après-midi et en n'évitant pas complètement les activités sociales! Parmi mes activités libres préférées, il y a mes périodes régulières à discuter dans un mélange de Lao et d'anglais avec Sone et Phou, les deux staffs du restau que j'aime particulièrement. C'est vers la fin de l'avant-midi, lorsqu'elles sont de retour du marché et que la «boss» n'est pas dans les parages qu'elles se confient le plus à moi et laissent libre court à leur propre curiosité! Des petits moments mémorables, qui trouvent leur place dans mon horaire!

Donc voilà! J'en suis à trouver l'équilibre entre ma vie sociale active et la poursuite de mes buts et activités personnels! Trouver l'équilibre... si un jour je parviens à trouver l'équilibre dans tous les aspects de ma vie, je pourrai certainement m'assurer d'avoir réussi cette dernière.