3 mots. 3 raisons d'écrire. 3 mots qui peuvent vivre seuls ou reliés. 3 mots séparés, parce que je ne peux choisir une formulation. Et parce que de cette façon, pas de restrictions, les fenêtres sont grandes ouvertes!

mardi 26 décembre 2017

Destination. Table Mountain.


De retour à Cape Town pour mes derniers jours, j’ai eu l’occasion de faire deux magnifiques randonnées. Cape Town est entourée de montagnes, de pics rocheux, dont la fameuse Table Mountain et le Lion’s Head. Vous vous rappelez que je n’ai pas particulièrement profité de Cape Town à mon arrivée ? Guidée par quelqu’un qui sait pour moi et malade, en plus d’être sur place par des jours tellement venteux que le cable car n’était pas en fonction pour aller au sommet de Table Mountain et que les randonnées étaient non recommandées. 


Je suis revenue à Cape Town jeudi midi, en avion à partir de Durban, après une nuit grise pâle (presque blanche pour ceux qui n’avait pas saisi!). D’ailleurs, un grand merci ironique à mes charmants et oh combien respectueux co-chambreurs de dortoir cette nuit-là! Donc, vers 13h, j’étais rendue à mon hotel de backpacker de Cape Town, les deux yeux dans le même trou et le poids d’une fin de voyage sur les épaules. J’avais comme incontournable sur ma liste: grimper Table Mountain et visiter un marché, histoire d’acheter quelques cadeaux de Noël. Un gars rencontré plus tôt dans le voyage me proposait d’aller faire la randonnée le lendemain matin, puisque c’est soit disant plus frais qu’à deux heures de l’après-midi. L’idée m’est d’abord apparue plutôt bonne et me permettait de faire une sieste au lieu d’une ascension... Mais comme l’après-midi en question était sans vent (très rare dans cette ville) et un peu nuageuse. Comme son matin plus frais commençait en fait vers 10h et que le soleil se lève assez tôt. Et comme il avait un peu trop le goût de me revoir et qu’il a osé me demander s’il pouvait se joindre à moi pour ma sieste (voyons donc mec! Je t’ai parlé pendant une heure il y a une semaine! C’est un peu prétentieux de penser que je te veux dans mon lit, non?!!!). Table Mountain a donc gagné la partie cet après-midi là!




J’ai commencé l’ascension trop fatiguée, à me demander ce que je faisais là. Évidemment, personne d’autre à l’entrée du sentier. Évidemment, plusieurs pancartes rappelant à tous l’imprudence de randonner seul. Et, évidemment, je prends quand même le sentier... juste pour voir ! Rapidement, j’ai vu qu’il y a avait pleins de monde qui redescendaient, ça m’a rassurée, je suis pas vraiment toute seule. Le sentier, c’est plutôt un espèce d’escalier naturel interminable, en roches naturelles, qui monte de façon assez directe la Platteklip Gorge. J’ai les jambes lourdes autant que les paupières, mais j’avance. Tête de cochon. Quelques centaines de mètres, un kilomètre peut-être? Et je prends le beat. Mes muscles se réveillent et apprécient le travail. Mes jambes me guident vers le haut, je commence à dépasser des gens. Mon énergie monte avec le sentier. Les jambes sont faites pour ça, elles sont habituées, elles aiment ça. Ma fatigue affecte toutefois un peu mon équilibre, et je dois être plus prudente (ça ressemble à monter le Mont Albert du côté long, avec les grosses roches!). Et là, je me mets à croiser et dépasser toutes sortes de phénomènes, et je ris. Je ris du groupe beaucoup trop énorme, bruyant et chialeux de jeunes français, aussi peu préparés que persévérants pour faire cette ascension. Qui s’engueulent. Qui mettent de la musique dans un petit haut-parleur pour se motiver (et emmerder les autres). Je ris, tout en m’inquiétant, de la fille en jolie robe blanche qui redescend le sentier, sans sac à dos, sans eau et sans sourire (je lui ai offert de l’eau). Je ris avec cet adorable couple de japonais qui prennent une pause et qui, d’une certaine façon, me forcent à prendre une pause moi-même pour profiter de leur agéable compagnie. Je reprends la montée, les jambes légères, la fatigue envolée, je flotte. Je croise cette magnifique petite fille d’environ 5 ou 6 ans, qui redescend le sentier, fierté imprimée dans le visage. Et je continue de grimper, me félicitant de n’avoir attendu personne pour faire cette rando. Journée parfaite, gratitude au rendez-vous, et paysages époustouflants au sommet! 




Quelques images au passage de la randonnée à Lion’s Head, au couché du soleil. Randonnée qui m’aura encore une fois fait sortir de ma zone de confort: sentier en bordure de falaise (clairement ce sentier ne serait pas permis au Québec... du moins pas sans barrières de protection), étapes plus près de l’escalade de roche que de la randonnée et les dans un vent intense. Ça réveille assurément mon vertige. Mais la vue en vaut la peine (même si finalement, le sommet était dans un nuage). 









dimanche 24 décembre 2017

Sourire. Mes deux cocos.

Mes derniers jours en Afrique du Sud me l’ont démontré: je ne suis pas une ermite. Je ne suis pas antisociale. Je préfère simplement m’entourer des bonnes personnes (et de celles que j’aime déjà!). Autrement dit, je préfère être seule que mal accompagnée. 


Desfois, on se retrouve bien accompagné très vite ! 


Coup de cœur pour ce duo inusité de deux voyageurs en solo. Un grand, un petit. Un beaucoup plus jeune, l’autre un plus vieux. Un étudiant en médecine, un barman. Un qui parle déjà d’enfants, un qui fuit le parcours attendu. Un curieux qui veut tout faire, un difficilement impressionnable. Un australien de famille vietnamienne, un américain de famille portoricaine. Deux âmes heureuses, ouvertes, drôles, présentes. Deux personnes calmes, sans trace d’exubérance. Deux personnes avec qui je me sens bien instantanément. Comme s’ils étaient déjà dans ma vie. Depuis des lunes. Deux personnes devant qui être moi-même, c’est juste parfait. Quand j’ai des gens comme ça autour de moi, quelques minutes de solitudes dans ma journée, c’est suffisant ! ❣️


J’ai même pas de photo de mes deux cocos, Al & Dan




jeudi 21 décembre 2017

Moi. Vers la fin.

Le temps. Au début, il s’étirait. J’avais le temps de le prendre, doucement. À la recherche de mon « spot », mon coup de coeur Sud Africain, je voguais lentement. Pour prendre le pouls de chaque endroit, observer, sentir, même si ce n’est au fond qu’effleurer. Puis soudainement, à mi-parcours, réaliser qu’il me file entre les doigts, qu’il déferle aussi vite que l’eau dans les centaines de chutes que je croise sur mon chemin. Il me défie de tenter de garder mon rythme à moi, alors que lui n’en fait qu’à sa tête. Me poussant dans le dos ou me donnant l’impression que j’ai toute la vie pour naviguer. 

À deux jours de mon retour, je reste dans cet état ambivalent. La hâte et l’envie d’en voir plus, le désir de simplement me poser et profiter du temps libre, slow mo, de me sentir en vacances. Et à la fois, le regard qui se tourne vers mon retour au Québec, le ski, les gens que j’aime, mon filleul qui, du haut de ses quelques semaines, ne ressemble déjà plus à celui que j’ai rencontré. Être au loin, être avec moi-même, ça me fait parcourir beaucoup de chemin, dans tous les sens du terme. Rien ne sert de calculer les kilomètres réels, ils ne donneraient de toute façon pas un portrait véritable du parcours intérieur. La richesse de la prise de recul. Prise de recul sur ma vie, mon travail, notre société, mes relations, mes craintes, mes choix, mes voyages... Et là j’hésite à rédiger publiquement les résultats de mes prises de conscience! Vous m’offrirez d’aller prendre un café, et on en jasera ;) 



Chose certaine en tout cas, je bénéficie grandement de ces expériences, en solo, au loin. Je sens ma créativité se rallumer, j’ai des idées, des rêves, des projets plein la tête et le coeur. Des idées pour aider mon prochain, contribuer à faire de notre monde un monde plus humain, plus chaleureux, plus ouvert, plus solidaire. J’ai le coeur rempli d’amour pour ma famille, mes amis, dont je mesure l’importance dans ma vie, d’ici. Précieuses, précieuses toutes ces personnes qui ponctuent mon quotidien par leur présence physique ou virtuelle, chacun avec sa propre couleur, dans une toile relationnelle éclatante. Dans ce voyage, je chemine aussi avec ambivalence dans ma relation avec les autres voyageurs. Je me sens une tendance à rechercher la solitude, ma petite bulle que je ne m’accorde pas assez souvent chez moi. À fuir les discussions futiles, les rencontres de surface... Pourtant, ma curiosité et mon ouverture m’amènent souvent à laisser entrer de nouvelles connaissances dans ma toile. À ouvrir grand mes oreilles et mon coeur à cette fille qui vient de se faire planter là. À discuter passionnément de la beauté de la mixité et des particularités culturelles, de ma langue et de celles des autres, de l’apprentissage. À partager des repas, des activités jusqu’à ce que ma bulle reprenne son espace, faisant émerger une immense besoin d’indépendance, d’autonomie. Je réalise que c’est un des éléments qui m’a fait choisir de poursuivre seule ce périple: je déteste ce sentiment de me sentir dépendante de quelqu’un. Surtout d’un étranger. Ouf, ma liberté. Aussi importante que le monde est vaste. Ici, bien des gens savent ce qu’elle vaut cette liberté. À savoir, un peuple qui a été encouragé à supporter l’Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale, à lutter pour la liberté de l’Europe, alors qu’il prenait à peine conscience qu’il ne jouissait lui-même pas de cette liberté dans son propre pays. Liberté. Un mot qui porte tant d’Histoire, tant de chapeaux. 


Une part de ma liberté passe par ma solitude. C’est ma façon de me permettre du temps pour moi, de me connecter à moi-même, de m’écouter réellement. Je n’ai pas toujours besoin d’un mois complet pour ça, parfois, seulement quelques minutes suffisent... mais elles sont essentielles pour je sache ce dont j’ai vraiment envie, que je prenne les bonnes décisions, que je prenne conscience de mes sentiments réels. Sinon, les besoins, les envies et les idées des autres prennent le dessus sur les miens... pour le meilleur ou pour le pire! 



Voilà, c’est quand même un pas pire d’apprentissage sur moi-même ça! 





Destination. Culture Xhosa.

Quand je visite un pays pour la première fois, c’est rare que je prends le temps de planifier mon périple à l’avance. J’aime suivre le flow, me laisser surprendre, décider en temps et lieux, en fonction des suggestions des autres voyageurs, des gens locaux, de la température, de mon feeling, mes 
intuitions... Ça me permet de vivre une liberté incroyable et d’être le plus possible dans le moment présent. Par contre, et c’est le cas de ce voyage-ci, ça peut faire en sorte que je prenne beaucoup de temps avant de trouver une région dans laquelle je me sens vraiment bien et je peux aussi me tromper 
ouvent sur les hostels, les bons villages où m’arrêter, les activités à faire... Beaucoup de temps, sur juste un petit mois de voyage... Ça sent la fin, mais  je peux dire que j’ai enfin trouvé la région del’Afrique du Sud qui pique ma curiosité, me donne le goût d’en voir plus, de la comprendre mieux, de l’explorer, de la vivre! 

Il me fallait aller un peu plus vers le Nord. Plus tôt, à Cape Town et le long de la Garden Route, j’ai vu des paysages magnifiques, j’ai fait des randos fabuleuses, du kayak dans un canyon impressionnant, du vélo de montagne dans une forêt indigène, j’ai mangé des huîtres dans un lagon bleu, j’ai bu du vin dans des vignobles champêtres... Mais j’ai été plus exposé à des restaurants de pizza et burger, qu’à quelconque cuisine locale, j’ai entendu Ed Sheeran et Katy Perry au moins cent fois, j’ai vu des Hipsters pareils à ceux de Montréal, j’ai makrché dans une rue de outlet de Billabong, Ripcurl, et autres compagnies... Bref, je n’ai pas été beaucoup dépaysée. La culture dans ce coin-là, c’est celle-là. Semblable à l’Europe, semblable à l’Amérique du Nord. Avec pour différence que les townships sont collés à ces villes développées. Je pense que ça me manquait, le dépaysement. Je réalise que c’est ce que j’aime: vivre la différence, sentir, goûter, entendre, voir, toucher la culture locale. Donc ici, un peu plus au Nord, c’est ce que je retrouve. 




À Hogsback, Coffee Bay, Underberg... sur la Wild Coast, dans Drakensberg... 


Je vois... de grands espaces ouverts à perte de vue. Pas de grosses villes, des villages étalés partout. Des maisons traditionnelles, rondavel, toutes rondes,  qui côtoient les maisons rectangles, d’inspiration européenne, sans que ça ne jure. Des gens pauvres certes, mais qui vivent dans un environnement magnifiques, qui possèdent des moutons, des vaches, des chèvres, qui peuvent s’organiser de petits jardins. Qui peuvent pêcher dans l’océan ou les rivières. Je vois beaucoup moins de blancs, mais surtout des blancs avec une présence moins pesante, moins confrontante, plus intégrée, plus harmonieuse. Je vois des gens habiles, créatifs, ingénieux, avec peu de moyens. Je vois une cabane dans laquelle Nelson Mandela se cachait pour rencontrer des chefs de tribus. 


J’entends... des oiseaux que je connais pas. Des vagues puissantes, presqu’effrayantes. J’entends une langue à clic, le Xhosa. J’entends des chansons avec ces drôles de sons. J’entends le bruits des percussions. J’entends des guides qui me parlent avec passion de leur culture Xhosa. Qui m’expliquent les rites traditionnels, les batailles de leurs ancêtres. Leur peur que leur histoire se perde. La fierté dans leur voix lorsqu’ils parlent de Nelson Mandela. 



Je goûte... la bière maison traditionnelles dans une maison Xhosa. À base de maïs... et vraiment pas à mon goût. Je goûte le « pop », semoule de maïs, avec des légumes en sauce aux épices que je n’identifie pas. Je goûte un pain traditionnel, cuit dans une marmite au milieu des cendre dans un rondavel. 

Je sens... La fumée imprégnée dans la paille qui sert de toit au rondavel. Je sens les fleurs qui éclosent en ce début d’été. Je sens l’eucalyptus dans la forêt après la pluie. Je sens les huiles essentielles, produits d’un projet éco-responsable pour favoriser la permaculture et créer de l’emploi. Je sens la merde des vaches, moutons et chèvres qui se promènent librement dans les collines. ´


Je touche... L’océan indien qui se réchauffe plus je monte sur la côte. Le vent sur mon visage au sommet des montagnes du Drakensberg et le froid qu’il apporte. Le tronc d’un arbre de plus de 800 ans, en faisant un vœux (secret!). Les mains des enfants qui veulent jouer avec moi, au-delà des mots. Leurs boucles crépues qui me fascinent autant que mes lisses cheveux châtains les impressionnent. 












Je touche enfin une partie de l’Afrique du Sud qui elle, touche mon coeur! 




mercredi 20 décembre 2017

Sourire. Lesotho!


Un tout petit saut de rien au Lesotho, juste assez pour piquer ma curiosité. Le Lesotho, ce petit pays, totalement entouré par l’Afrique du Sud, qui en reste bien indépendant... et bien différent apparemment. 
Je n’ai vu qu’un village - un village de berger, au sommet des montagnes. Un village temporaire, où les jeunes hommes viennent passer quelques mois à s’occuper des moutons. Certains continuent à le faire pendant des années, mais la plupart n’y sont que temporairement, passage obligé traditionnellement, dans le chemin vers l’âge adulte. 
Alors voici le Lesotho que j’ai vu, en quelques photos, en haut de la Sani Pass, que ma mère aurait assurément détesté monter (et encore plus descendre) en voiture! 








Et le drink dans le Highest pub in Africa!




vendredi 15 décembre 2017

Sourire. Quelques clins d’œil

L’Afrique du Sud a sa propre version du Rocher-Percé!
Personnellement, je trouve notre trou plus impressionnant... mais les points de vue pendant la randonnée pour s’y rendre étaient incroyables!














Paroles de mon conducteur de bus entre Hogsback et Coffee Bay : « the bigger, the greater ». Pas de chance pour moi de trouver un homme... à moins, papa, que tu aies plusieurs vaches à offrir pour me marier! Vaudrait mieux que je sois un peu plus grasse... ça prouverait que je sais faire à manger. Les apparences peuvent être trompeuses! ;) 




Le bain en nature le plus inspirant que j’ai eu le chance de voir... Dans un lieu enchanteur, Hogsback. Village minuscule, que j’ai adoré, qui attire artistes, sportifs, écologistes ou toute personnes dans un « chill vibe ». Il y a quelques choses d’enchanteurs ici... l’hostel Backpaker « Away with the Fairies » fournit ce magnifique bain. On peut aussi aller marcher dans la forêt où se cachent fées et petits êtres magiques de toutes sortes. Ça fait retomber en enfance. 





Et puis, juste parce que c’est quand meme une jolie façon de s’assurer que les enfants soient surveillés ... 


jeudi 7 décembre 2017

Destination. Afrique du Sud.


Chère Afrique du Sud, 
Tu commence à être un peu plus facile, il était temps! C’est pas que tu sois si compliquée, mais j’ai peut-être pas choisi le chemin le plus simple. J’apprends, j’apprends... T’inquiète, je ne cesse d’apprendre! Quand même, il était temps que tu me facilites un peu la tâche. Depuis mon arrivée, j’avais l’impression que pour chaque moment de pur bonheur, de gratitude, de « marcher dans la rue en souriant pour rien » que tu m’apportais, tu me renvoyais un lot de défis à surmonter. 

Si ce n’était pas la solitude qui pesait par moment, c’était la complexité de tes transports, ou le manque d’hébergement bon marché en cette fin d’année scolaire. Ou encore, c’était (et c’est encore!) ton climat d’insécurité qui m’empêchait de me balader librement... Mais je m’y fais, tranquillement, et ça devient plus fluide. J’ai rejoint un secteur plus touristique, ça aide! J’évite les villes, je choisis les villages. Et je commence à rencontrer quelques autres voyageurs. Tu as même mis sur mon chemin d’autres trentenaires, voyageuses en solo. Ça nous a bien fait rire de chercher un bar for older people dans la capitale du Spring Break version Sud-Africaine...! 


Et le sentiment de solitude s’estompe. J’ai même de plus en plus souvent envie d’être seule. Je me lasse des rencontres éphémères entre voyageurs. Et ici... ce n’est pas que tes gens ne soient pas gentils, au contraire, je rencontre des gens chez toi qui sont particulièrement avenants, contents de faire ma connaissance, curieux, toujours prêts à me donner un coup de main... mais. Mais, je réalise que la plupart des contacts prennent une tournure nébuleuse. OK, ok, Afrique du Sud, je ne vais pas généraliser à tous, je précise: les contacts avec les hommes. Après l’introduction très friendly, chummy-chummy et easy going, s’installe souvent le doute... Opportunisme? Pure gentillesse? Intentions malsaines? Plus on devient gentil, mielleux, proactif à m’aider, à m’inviter et plus je deviens perplexe, distante, froide. 

Peut-être, Afrique du Sud, que je passe à côté de belles occasions, mais tu m’effraies encore un peu trop. Je suis sur mes gardes et je me fie surtout à mon intuition... avec plus de prudence qu’à l’habitude. Moi qui ai plutôt tendance à croire que tout-le-monde-il-est-gentil, je pense plus souvent aux exceptions ici! Ma mère sera sûrement contente de voir que je ne te fais pas si facilement confiance!


Alors non, Afrique du Sud, je n’arrive pas à me laisser aller complètement avec toi. Je t’observe, mais je ne te comprends pas encore. Tant de choses que je n’arrive pas à saisir dans tes multiples facettes. Je sais, tu as toute ton histoire. Certes, tu as une belle diversité. Mais tes classes de gens, basées principalement sur la couleur de la peau, ça me dérange. Tu me déranges! Tu me déranges avec tes trop riches et tes trop pauvres. Avec tes trop pauvres, dans les township, en haut de la colline, qui ont une vue sur tes merveilleuses plages, tes lagons bleus, tes vagues et .... tes maisons, tes villas et tes domaines épouvatablement luxueux. Ça me dérange que ce soit normal. Ça me dérange de pas savoir si toi, ça te dérange. Si ça dérange tes blancs ? Tes noirs? De ne pas voir et savoir si tu as le goût que ça change. Je sais, tu construis des maisons dans certains township. C’était une promesse. Mais à quel rythme? Desfois, c’est joli de laisser les promesses voguer dans l’air du temps, hein? Donc oui, malgré la fin officielle de la ségrégation légale, tes disparités raciales trop visibles, ça me dérange... 


Quand même, tu évolues. Au moins, tu évolues. Si tu étais la même qu’il y a 20 ans, quand Jonas, à 18 ans, tout juste après sa circoncision - heureux événement signifiant son passage d’enfant à homme - se faisait tabasser presqu’à mort et se cachait quelques semaines pour éviter la suite, pour la simple raison de s’être baladé avec une blanche... si vraiment, tu étais encore comme ça, je te détesterais. 

Pour le moment, tu me laisses parfois froide. Tu m’éblouies souvent. Tu me choques. Tu me fais réfléchir. Tu me fais grandir. C’est sûrement pour ça, que je viens à ta rencontre. Merci, Afrique du Sud, je vais continuer à découvrir tes beautés naturelles qui comblent mes besoins d’aventures. Mais s’il-te-plaît, ne m’en veux pas si je continue de préférer l’Asie du Sud-Est. Je pense qu’une partie de mon coeur y est! 




mercredi 29 novembre 2017

Moi. MON voyage!

Voilà. Je suis à nouveau une voyageuse en solo. Le temps en voyage perd ses repères. Il me semble l’avoir laissé s’écouler si longtemps avant de décider de poursuivre mon chemin de mon côté et pourtant... je réalise que tout cela s’est passé en accéléré. Peut-être que je deviens plus habile pour m’affirmer? 
 Ou est-ce que le contexte du voyage me facilite la tâche ? Cet état, que j’ai trop connu, m’est apparu insupportable. Refermée sur moi-même, incapable de nommer ce qui ne me convient pas. Prise avec des besoins, des envies, des idées, des inconforts qui restent coincées en moi. À dire, confronter, affronter, affirmer, clarifier dans ma tête, mais pas de vive voix. L’incohérence, l’égocentrisme... je commence à reconnaître les sources de mes réactions intenses. Mais au-delà de la réflexion, c’est la prise de conscience de mes sentiments qui me guident. Aucune envie de rester dans cet état. À des années lumières de ce que les voyages peuvent m’apporter. Formuler une phrase dans ma tête. Une autre. Recommencer. « Are you all right? ». Bien sûr, que je me vois répondre... excusant mon état par la fatigue et la gastro... Reformuler, changer d’idée, sentir les mots coincés dans ma gorge. Me rappeler les fois où j’ai pu laisser passer TANT de temps avant de laisser sortir les mots. C’est si facile de parler quand on sent l’autre à l’écoute. Pas cette fois. Mais je sais comme c’est soulageant une fois que c’est fait. « I think I’m don’t feel comfortable to continue my trip with you ». C’est fait, ouf. J’attends la réaction. Je n’entends rien. Je continue... « des amis m’ont parlé d’une guesthouse pas trop loin, peux-tu m’y laisser? » Je m’organiserai pour la suite. Et voilà. Il est pire que moi finalement, pour parler franchement. C’est tout. Soupire de soulagement. 


Puis l’incertitude prend place. Ce sera plus compliqué comme voyage. Plusieurs des endroits que j’ai envie de voir ne sont pas facilement accessible sans voiture. Je n’arrive toujours pas à faire fonctionner mon téléphone ici, et ça semble presqu’un essentiel pour fonctionner. Il n’y a aucun transport en commun dans le petit bled de touristes riches dans lequel je suis actuellement. Les transports me coûteront pas mal plus cher... Pourtant, je me balade, sourire aux lèvres, à ma vitesse, en arrêtant où j’ai envie, en me laissant éblouir par le paysage. Je suis bien. J’ai MON rythme, MON style, MES défis... MON voyage! 



À chaque départ, je retrouve cet éternel questionnement... Pourquoi? Pourquoi partir? Pourquoi me retrouver dans des situations pas possibles, insécurisantes, déstabilisantes?
Les réponses arrivent déjà...
Parce que j’arrive à mieux me comprendre, mieux m’écouter, me connecter à moi-même. 
Parce que quand je suis sur le bon chemin, je souris en marchant. 
Parce que j’apprends tellement en si peu de temps. 
Pour les rencontres qui me parlent de leur coups de coeur et me donnent envie de continuer mes découvertes. 
Pour les rencontres d’une journée, d’une heure, d’une semaine qui me font découvrir de nouvelles perspectives. 
Pour les gens, touchés par ma situation, ou ceux qui me trouvent courageuse, qui m’offrent gracieusement un lift jusqu’à la ville la plus près, m’amènent acheter mon billet de bus, me déposent dans un petit resto familial. Pour cette famille qui garde mon backpack pour la journée, qui me conduit plus tard à la station de bus. Pour la maman, qui me donne des conseils de sécurité dans ce pays pas si sécuritaire. 
Pour des journées inusités, à goûter du champagne à 10h le matin et des vins jusqu’à 17h, dans un décor des plus majestueux, en tram et en autobus, avec la charmante compagnie d’un couple belge-italien-éthiopien adorable... 
Pour les paysages, les aventures, les découvertes.
Pour les sentiments de liberté, de force, de vulnérabilité.
Pour l’intensité des émotions chaque jours. 
Pour la personne que cela fait de moi... Écris-je en devenant émue! 


dimanche 26 novembre 2017

Moi. Afrique du Sud.


Cape Town m’a accueillie avec ses montagnes majestueuses, ses vagues immenses et son vent constant. Dans toute sa splendeur, la ville a su m’éblouir, me donner envie de la parcourir d’un bout à l’autre, et encore plus, d’explorer ses alentours; Table Mountain, Cape Point, Hout Bay et tant d’autres. C’est en voiture que j’ai commencé cette exploration. Mon ami - ou plutôt, connaissance de voyage d’il y a plusieurs années - est venu me chercher à l’aéroport en voiture et m’a montré ces beaux points de vue, les routes impressionnantes, comme la Chapmans Peak Drive. 
Quelle chance! Avoir une connaissance locale, une personne qui connaît bien l’endroit qui connaît les arnaques et les coins moins connus. J’ai accès facilement, probablement beaucoup plus qu’en transport en commun, à des endroits magnifiques. J’ai à peine besoin de me renseigner sur les choses à voir, on m’en propose, on m’y guide, on me donne son avis sur ce qui vaut la peine, ce qui ne la vaut pas. 



Pourtant… Il me manque quelque chose. Il me manque la « petite touch » des voyages, la lenteur, peut-être même qu’un peu de challenge me manque. J’ai envie de parcourir tout cela à pied. De prendre mon temps. De décider le matin ce que j’ai envie d’explorer et de trouver le moyen de le faire… par moi-même. De m’informer et de faire mes choix, de choisir d’aller jusqu’au bout du Cap Bonne Espérance, même si 10$ est ridiculement cher pour un Sud-Africain! 


J’ai l’impression de passer à côté du sentiment de liberté, de totale indépendance, de moment présent, voire peut-être même d’égoïsme que je retrouve normalement en voyageant seule. Cet état qui me permet de décrocher complètement, de me centrer sur moi-même, de me détacher des multiples influences qui dictent une trop grande partie de la ma vie, de mes journées… Je réalise, après seulement 2 jours ici, avec une gastro ou une indigestion qui me cloue au lit (bien oui, déjà! Welcome to Africa, Laurence!) que ce n’est pas la destination qui importe vraiment dans mes voyages… mais comment je le vis dans le quotidien. 

Alors se dessine un important défi pour moi. Celui d’être plus loyale envers moi-même qu’envers les autres. Il n’y a pas d’engagement ni d’obligation à poursuivre mon voyage avec lui. Mais c’était ça le plan, et je vais devoir m’affirmer, quitte à décevoir, quitte à être « lâcheuse ». Ça l’air facile de l’extérieur, mais moi je dois travailler fort pour trouver le bon moment, la bonne façon. Être capable d’exprimer mon besoin. 
Alors j’accumule mes observations, je me connecte à moi-même, mes sentiments, mes intuitions, mes « feelings », mes envies et mes besoins. 


Je préfère marcher que rouler… ou en tout cas, rouler sur deux roues sans moteur plutôt que sur 4! Bon je n’aurai évidemment pas le choix de prendre des autobus pour les longues distances… mais je choisirai du moins des Backpacker Hostels qui permettent de visiter les endroits à pied, ou de rejoindre l’océan à pied. Plutôt que des hotels plus loin qui me rendent dépendante de la voiture. Je ferai de longs trek toute la journée, sans me sentir coupable de choisir des activités qui ne conviennent pas à sa cheville blessée. Je louerais des vélos pour aller voir plus loin. Je serai autonome. Je serai libre! :)