3 mots. 3 raisons d'écrire. 3 mots qui peuvent vivre seuls ou reliés. 3 mots séparés, parce que je ne peux choisir une formulation. Et parce que de cette façon, pas de restrictions, les fenêtres sont grandes ouvertes!

mercredi 10 avril 2024

Varanasi



La dernière étape de ce voyage, c’est Varanasi. Varanasi c’est… Comment dire ? C’est à vivre, à expérimenter.  

Une part de ma réaction face à cette ville cinq fois millénaire vient peut-être de la déstabilisation que j’ai sentie chez ma mère. Maman, solide comme du roc, qui réagit… à la chambre miteuse. À la foule. Aux odeurs. Aux standards qui ne tiennent plus. Oh je n’y suis pas insensible non plus. Mais je me mets dans la posture que c’est moi, qui n’est pas à sa place. Et non pas ce qui m’entoure. Je me place en observatrice, je vois, je constate, j’intègre (ou pas). Je suis l’intruse et tout est comme il se doit dans ce chaos. L’intensité m’affecte. Je me couche épuisée. Épuisée d’avoir tous mes sens sollicités, constamment. Fatiguée de l’odeur de marde (qui s’ajoute à celle de la sacrée bouse de vache). De celle des bûchers. Fatiguée des 40 degrés, sous les vêtements qui me couvrent les épaules et les genoux. Des gens qui me touchent pour passer, pour une photo, pour un rien. Fatiguée de la foule envahissante. De la proximité. Fatiguée des chiens qui jappent, des klaxons à l’infini, des motos qui me frôlent. Fatiguées d’en avoir plein la vue, des couleurs, du lever et du coucher de soleil, des étals sans fin, des mendiants, des enfants sales. Fatiguée des épices goûteuses, de ma langue qui pique, de mon ventre qui gronde. Fatiguée, mais comblée. Fascinée. Éblouie. Je dors comme une bûche dans cette chambre qui, malgré son piteux état devient vite un refuge réconfortant. Pour Maman aussi. 




Varanasi, c’est le summum de la ferveur religieuse. C’est le point de convergence des Hindous, venus de partout au pays pour se baigner dans le Gange ou pour y finir leurs jours. Y mourir et que son corps y soit brulé permet de mettre fin au cycle des réincarnations. Un but ultime. Les gens parcourent des kilomètres pour se retrouver dans cette ville sacrée, mythique. Pour voir et se faire voir par les dieux, dans des temples bondés, visités par des centaines de milliers de pèlerins chaque jour. Pour ce bref regard réciproque avec Shiva, on peut faire la queue au gros soleil, dans la foule réchauffée par les 39 degrés Celsius qui affligent la ville, chacun paré de ses plus beaux vêtements, accompagné de ses parents vieillissants, ses enfants ou ses meilleurs amis. 





Varanasi, c’est aussi se baigner dans une eau des plus polluées et répugnantes pour profiter de la puissance du Gange, attirer la bonne fortune, se sentir béni. C’est se brûler les pieds sur des sols de marbre qui cuisent au soleil pour aller accoter son front sur un mur délavé et abimé par les multiples passages. C’est réciter des mantras et faire des offrandes à des dieux dont les histoires sont si multiples qu’on s’y perd complètement. C’est tout ça, c’est que ça et beaucoup plus à la fois. C’est plus grand que nous, qu’eux tous rassemblés, c’est indescriptible. 













Et pour moi, Varanasi, qu’est-ce que c’est ? Je crois qu’il fallait que j’en sois sortie pour y réfléchir, pour y voir clair. Varanasi, c’est plein de choses. C’est la dernière étape de notre voyage. Celle en trio, avec Maman et Josée, sans le groupe. C’est une Inde comme on n’a pas vu ailleurs. C’est un passage essentiel dans ce voyage, une transition avant le retour au Québec, une nécessité pour me sentir prête à revenir. C’est un lieu pour me replonger dans le recueillement, dans mes demandes à l’univers. Les derniers temps, plus remplis en visites touristiques, m’ont fait me sentir un peu loin de l’intensité des mes émotions lors de l’Arti à Rishikesh, ou lorsque j’ai laissé aller un autre gros morceau de mon histoire dans un petit bateau de feuilles rempli de fleurs sur un bras du Gange. Varanasi, me rappelle ces moments vibrants du début de mon voyage. Refait émerger mon besoin de déposer une autre chandelle entourée de fleurs sur ce Gange sacré. Mon besoin de relancer l’univers avec mes grandes demandes! Et, cette étape fait aussi place à une tonne de douces pensées pour mes amies. Celles qui m’ont demandé de faire une prière pour elles dans ce lieu sacré et celles qui ne l’ont pas demandé, mais pour qui c’était naturel de le faire. J’ai eu envie que cette impression de grande connexion rayonne sur mon entourage, alors sachez, vous, les personnes magnifiques qui m’entourez, que vous avez été considérées, vues et peut-être même entendues, à travers ma volonté de prendre soin de vous, à Varanasi. 















2 commentaires:

  1. Merci
    Pour cette pensée que tu a eu pour moi dans cet espace sacré de l’Inde
    L’onde de tes prières s’est bien ressentie jusqu’à mon cœur ❤️
    A tout bientôt

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  2. Comme c’est touchant. Merci ma belle amie 🥹

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